Le peer to peer domine les échanges

Malgré les offres légales, le téléchargement illégal occupe toujours la majeure partie du réseau.
par Sébastien Delahaye
publié le 5 septembre 2007 à 18h51

Le téléchargement illégal y survivra-t-il? Le gouvernement a confirmé ce matin avoir confié à Denis Olivennes (le très objectif auteur du livre La Gratuité, c'est le vol et patron de la Fnac, qui propose une offre de téléchargement légal et payant) une mission sur «la lutte contre le téléchargement illicite et le développement des offres légales d'œuvres musicales, audiovisuelles et cinématographique» . Il devrait rendre son rapport au ministère de la Culture dans quelques mois.

Mais sur Internet, la majeure partie des échanges se font toujours en peer to peer (p2p, soit des échanges directs entre internautes, sans passer par un site tiers). C'est du moins la conclusion d'une étude menée par l'entreprise allemande Ipoque , qui estime que le p2p représente de 50 à 90% du trafic mondial du réseau, suivant les pays. Un chiffre énorme, en contradiction avec l'étude (réservée au continent américain) menée en 2006 par Ellacoya Networks. Ellacoya estimait que le p2p ne représentait plus que 37% des données sur Internet.

Contrairement à Ellacoya, Ipoque détaille un peu ses données: les deux principaux logiciels utilisés pour les échanges en peer to peer sont des déclinaisons de BitTorrent et Edonkey. Des systèmes utilisés avant tout pour le piratage d'œuvres protégées, même s'ils le sont parfois également pour du téléchargement légal. Parmi les autres usages légaux du peer to peer , on comptera les logiciels de téléphonie Skype (qui, selon Ipoque, représente jusqu'à 2% du trafic mondial sur Internet) et la télévision numérique Joost . Le site Jamendo se sert également de BitTorrent pour diffuser légalement des albums musicaux gratuits. Mais le téléchargement légal reste rare. Et personne n'a encore trouvé le réel moyen d'y remédier.

En Belgique, depuis les mi-juillet, ce sont les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) qui sont responsables. Une décision de justice pourrait les forcer, contre leur gré, à filtrer les canaux utilisés par les logiciels de peer to peer , afin de limiter le téléchargement illlégal. En Suède, les FAI pourraient également être pris pour cible par le gouvernement, comme le soulignent nos confrères de PC Inpact . Cecilia Renfors, la directrice de la Commission suédoise audiovisuelle, chargée de mission sur le téléchargement illégal, vient de rendre son rapport au ministère de la Justice. Sa proposition: les fournisseurs d'accès doivent bannir les abonnés identifiés comme pratiquant le téléchargement illégal. Ce qui implique, entre autres, d'observer à quelles fins les abonnés utilisent leurs connexions. En cas de refus ou d'impossibilité, les FAI seraient soumis à une amende pour dédommager les ayants droits. La proposition, loin d'être acceptée puisqu'elle ne fait pour l'instant pas encore l'objet d'un projet de loi, a immédiatement été rejetée par les fournisseurs suédois, qui refusent de se substituer à la police.

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