Le prix Orwell pour l'ensemble de son œuvre revient à...

par Astrid GIRARDEAU
publié le 7 avril 2009 à 12h12
(mis à jour le 7 avril 2009 à 15h08)

«Et les institutions, sociétés ou personnes s'étant distinguées par leur mépris du droit fondamental à la vie privée ou par leur promotion de la surveillance et du contrôle des individus sont...» . Ce dimanche 5 avril, les Big Brother Awards ont remis leurs Prix Orwell.

Dans la catégorie «Orwell Ensemble de son Œuvre», c'est Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, qui arrive en tête «pour son goût immodéré des fichiers de police (+ 70% en 3 ans, dont Ardoise, Edvige, Cristina ou encore Gesterex), mais aussi pour sa "novlangue" avec sa promotion de la vidéosurveillance, ses invitations à la délation et son talent à fabriquer un "ennemi intérieur".» Ainsi, dans une lettre de mission à Alain Bauer, président d'un "groupe de contrôle" des fichiers policiers, elle dit vouloir « renforcer l'acceptabilité des fichiers au sein de la population » . On devrait en reparler très prochainement avec l'arrivée au Parlement, «avant l'été» selon la ministre , de Lopsi 2, la future loi d'orientation et de programmation de sécurité intérieure.

Michèle Alliot-Marie coiffe ainsi au poteau le ministère de la Culture, sa ministre et son projet de loi Création et Internet. Selon les BBA, après la DAVDSI, il s'entête «à vouloir sacrifier les droits et la vie privée des internautes aux bénéfices d'une poignée d'industriels, renouant avec une justice privée qui occulte l'autorité judiciaire et renverse la charge de la preuve» . Il rappelle les «gesticulations européennes» , toujours en cours, de la France autour du Paquet Télécom, et du fameux amendement 138. «Si "la" ministre de la Culture est toujours Christine Albanel depuis mai 2007, c'est toute l'institution qui mérite cette nomination. Ce ministère, où les accointances entre industrie et hauts fonctionnaires sont fortes, s'est déjà illustré en introduisant dans la loi LCEN (..) et en faisant voter, contre l'avis de nombreux parlementaires, la fameuse loi DAVDSI» , estime le BBA.

Enfin, distingué pour «son incompétence et son insistance à vouloir contrôler internet par le biais du CSA, ses arguments iniques pour soutenir la loi Hadopi, pour vouloir traquer la délinquance dans les maternités, et bien d'autres choses...» le député et porte parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre a reçu la mention spéciale « bâton merdeux », «qui lui va si bien pour son côté "petit caniche"» . Pour le jury des Big Brother Awards le député ne cesse «de se faire remarquer... pour son ignorance, ses amalgames grossiers, et sa novlangue récurrente mis au service d'un gout immodéré pour le contrôle en général» .

Et de rappeler notamment son fameux bafouillement à la question «c'est quoi le web 2.0» posé par un journaliste de BFM, et sa «magistrale déclaration à l'Assemblée» (vidéo) , le 15 décembre dernier, pour soutenir son amendement en faveur du contrôle du web par le CSA : «L'absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? […] Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde. »

Tous les autres nominés et gagnants (Eric Woerth, Bertrand Delanoë et Christophe Caresche, etc.) de l'édition 2009 des Prix Orwell sont à découvrir sur le site des Big Brother Awards France .

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus