Le virus Flame attise la cyberguerre

publié le 29 mai 2012 à 14h17
(mis à jour le 29 mai 2012 à 14h18)

C'est toujours une bonne pub: le spécialiste russe de la lutte antivirus Kaspersky Lab affirme avoir découvert un nouveau virus informatique au potentiel d'infiltration inégalé, qui serait utilisé comme une arme militaire contre l'Iran et d'autres pays de la région, probablement au profit de l'Occident et d'Israël.

Ce logiciel malveillant, à qui on a attribué le nom de Flame, a été détecté dans le cadre d'une enquête lancée par l'Union internationale des télécommunications (ITU). Il serait opérationnel depuis plus de deux ans. selon les premières descriptions techniques disponibles , il est capable de dérober et envoyer des informations dans des fichiers stockés ou des listes de contacts, mais aussi de déclencher l'enregistrement de conversations audio et de collecter des informations sur des appareils bluetooth à proximité. Plus qu'un virus ou un cheval de Troie, Flame est un ensemble de programmes très flexible, une boite à outils d'une taille importante pour un virus (environ 20 MB).

Selon Kaspersky, Flame dépasse de loin tous les autres virus déjà connus. Il serait ainsi «vingt fois plus important que Stuxnet» . Il marquerait «une nouvelle étape» dans la cyberguerre en cours. «Il est important de comprendre que de telles cyber-armes peuvent facilement être utilisées contre n'importe quel pays» , a déclaré Evgueni Kaspersky, directeur général de l'entreprise.

Laurent Heslault, le directeur des stratégies de l'éditeur d'antivirus Symantec, a lui aussi noté la sophistication de ce nouveau virus, le qualifiant de «boîte à outil du cyber-espion dans toute sa splendeur. Vu le niveau de sophistication, il est clair que derrière ce ne sont pas des cybercriminels de base ni même des activistes. C'est clairement sponsorisé par quelqu'un qui a des moyens. Est-ce que c'est un État, est-ce que c'est du militaire, du paramilitaire? C'est très difficile à dire.»

Dans son communiqué, Kaspersky ne dit pas précisément contre qui le programme est utilisé, mais indique avoir commencé à enquêter après une série d'incidents avec un autre virus, encore inconnu, qui supprimait des informations sur des ordinateurs «en Asie occidentale» . Flame aurait notamment été utilisé pour attaquer le ministère iranien du pétrole et le principal terminal pétrolier du pays. Le faible nombre de machines infectées à ce jour semble montrer que Flame n'est pas fait pour se diffuser chez les particuliers, mais pour cibler des ordinateurs utilisés dans des opérations sensibles, de nature nucléaire ou militaire.

L'Iran a été la cible depuis deux ans de plusieurs attaques informatiques de haut niveau, que les dirigeants iraniens ont attribuées aux Etats-Unis et à Israël, les deux ennemis déclarés du régime de Téhéran. Le Centre de coordination iranien pour la lutte contre les attaques informatiques indique d'ailleurs aujourd'hui avoir réussi à produire un antivirus capable de lutter contre Flame, sans toutefois indiquer quels dégâts ce dernier a déjà pu faire en Iran. L'agence iranienne Fars a affirmé de son côté que Flame serait «particulièrement actif» en Iran, au Soudan, en Syrie, en Israël, en Arabie Saoudite et en Égypte.

Fin avril, un haut responsable iranien avait affirmé que le ministère du Pétrole était parvenu à stopper un autre virus qui avait frappé une partie de son réseau informatique pilotant le secteur pétrolier du pays. En 2010, le virus Stuxnet , qui visait à retarder le programme nucléaire iranien en attaquant les centrifugeuses enrichissant l'uranium, avait également été découvert. Selon plusieurs médias, il aurait pu être développé grâce à la collaboration de services de renseignement israéliens et américains.

Ce mardi, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon, a alimenté les spéculations sur une possible implication d'Israël dans le programme Flame. «Il est justifié, pour quiconque considère la menace iranienne comme significative, de prendre différentes mesures, y compris celle-là, pour la stopper» , a-t-il estimé au micro de la radio militaire iranienne. «Israël est en pointe dans les nouvelles technologie et ces outils nous offrent toutes sortes de possibilités.»

(AFP)

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