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Libération

«Les Ch’tis d’Allah», fanatiques de la gâchette

Sur France 3, le parcours du gang de Roubaix, deux Français convertis à un islam radical.
par Tania Kahn
publié le 12 novembre 2012 à 19h14
(mis à jour le 12 novembre 2012 à 19h15)

En 1996, le nord de la France est traversé par un groupe de malfrats surarmés, multipliant des braquages d'une extrême violence, s'attaquant au lance-roquettes à un fourgon blindé, laissant plusieurs victimes sur le carreau et faisant un mort. C'était le gang de Roubaix. Christophe Caze en était le leader et Lionel Dumont, son acolyte. Tous deux espéraient par leurs exactions rassembler de l'argent pour financer le terrorisme international. Au nom d'Allah. Partant de ce fait divers, le documentaire les Ch'tis d'Allah, le gang de Roubaix raconte l'histoire enchevêtrée de ces deux hommes convertis à un islam radical et fanatique, sur fond de guerre en Bosnie.

Au début des années 90, ils rejoignent la brigade des moudjahidin installée en Bosnie, pour qui le conflit entre Serbes, Croates et Bosniaques est l’occasion d’un nouveau jihad. Et se retrouvent à combattre auprès de ces «soldats de Dieu», acclamant Allah l’arme au poing. Des récits d’anciens militaires serbes et croates témoignent de la barbarie de cette brigade religieuse. Certains se souviennent de Christophe Caze, étudiant en médecine agressif et toujours affublé d’un stéthoscope.

Lors de son enquête, le réalisateur Olivier Pighetti a réussi à décrocher un entretien téléphonique avec Lionel Dumont, qui purge une peine de vingt-cinq ans à la prison de la Santé, à Paris. De sa cellule, il raconte son retour de Bosnie : «Quand on a joué à ça, on ne se satisfait plus d'une autre vie.» Olivier Pighetti a surtout découvert, auprès des forces spéciales serbes et croates, des vidéos inédites des camps de moudjahidin en Bosnie, récupérées à l'occasion d'opérations militaires contre ces derniers. «Serbes et Croates tenaient à montrer ces images, afin que les crimes de cette brigade soient connus de tous» , explique le réalisateur à Libération. Exécutions sommaires et décapitations faisaient partie du quotidien. C'est en Bosnie que le réseau Al-Qaeda a commencé à se structurer, à la barbe d'une Amérique qui a laissé faire et même favorisé le jeu de son futur ennemi. «Les jeunes jihadistes étaient totalement fascinés par ces barbus armés et entraînés, indique Olivier Pighetti, les Afghans ont réussi un coup de force en Bosnie, ils ont fait le lien entre tous les jihadistes européens.» Le monde entier subit encore les conséquences de cette nébuleuse terroriste.

LES CH’TIS D’ALLAH, LE GANG DE ROUBAIX documentaire d’OLIVIER PIGHETTI France 3, ce soir, 23 h 20.

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