Les Experts : Cannes

Yes we Cannes. En direct du MIP, en compagnie de nos deux reporters dans le monde merveilleux de la télévision.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 31 mars 2009 à 20h17

La nuit de sommeil n'a pas réussi à faire baisser le taux d'adrénaline injecté en dose massive lundi soir par le patron d'Endemol Ynon Kreiz ( lire l'article ). Comme un trip violent sous LSD, les images du show pompier soulignées par un grand concert de zimboums reviennent sans cesse, par flashes : un satellite au logo d'Endemol boulottant d'un coup la planète, Ynon Kreiz beuglant qu'il est « the indispensable partner » qui « peut nous aider à survivre à la crise » , qu'Endemol est « une usine à idées » . Et le dernier clip projeté dans l'auditorium du Palais des festivals en clôture de la harangue d'Ynon Kreiz, ohlala… Un gigantesque The End apparaît que barrent aussitôt deux furieux traits rouges laissant la place à ces mots sanguinolents : The Beginning . Brr.

C'est dire si on flippait à l'idée de rencontrer Gil Grissom. En neuf saisons des Experts , le chef des forensics de Los Angeles a montré qu'il était bien le dernier pour la déconne, n'alignant pas même la moitié d'un demi-sourire. Là, au lieu de son laboratoire de verre et d'acier, c'est, au bout d'un couloir moelleux du Majestic, dans une petite salle un peu pourrave qu'on attend la bête. On est trente, trente-cinq journalistes bien rangés sur nos petites chaises rouges. Deux chevalets autour du bureau qui attend l'absent, l'un avec le logo de CBS Paramount, l'autre représentant la passation de pouvoir aux Experts : Gil Grissom au second plan, déjà loin, et Laurence Fishburne alias Raymond Langstone qui va le remplacer.

Jailli d'un téléphone portable, un infâme ricanement tel celui d'une boîte à rire, déchire les bavardages des journalistes. L'imprudent ferme vite le clapet de son téléphone, c'était un coup à se retrouver dans une poubelle du Majestic entouré d'un ruban jaune marqué « Police Do Not Cross » et un microscope à neutrons enfoncé dans le…

Mais ah, il arrive, à peine précédé d'un murmure. Ca aurait tout de même eu plus de gueule d'entrer au son de Roger Daltrey hurlant Who are you comme au générique des Experts mais bon. Et voilà William Petersen, alias Gil Grissom. Et il sourit, oui, il sourit tout pépère, le cheveu blanc, la tenue casual wear . Une dame est chargée de lui faire la conversation en attendant que les journalistes posent leurs questions. La dame dit « Welcome » , applaudit et la salle applaudit aussi. Ah bon. Et les questions se mettent à fuser : comment expliquez-vous le succès des Experts ? Qu'est-ce que ça fait d'arrêter ? Qu'avez-vous mis de vous dans Grissom et vice-versa ? Pouvez-vous nous parler de votre vie privée ? Et lui, bonhomme, répond. Que le succès vient de la fascination des gens pour l'affaire Simpson, qu'il se sent « bitter sweet » depuis l'arrêt du tournage, que Gil Grissom est devenu plus profond « as time goes by » et que, s'il n'a toujours aucune idée de ce dont il pouvait parler dans la série étant nul en sciences, il sait désormais sécuriser une scène de crime. Voilà William Petersen tout nu sans Gil Grissom. Il ne se fâche pas quand un journaliste italien l'appelle « Mr Grissom » , ni quand des malotrus quittent la salle alors qu'il est en train de parler. Alors quand William Petersen annonce que Grissom va revenir dans un ou deux épisodes des Experts, on se dit : « Mon vieux Bill, ils ne vont jamais vouloir te reprendre » . A moins d'un stage commando chez Ynon Kreiz.

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