Menu
Libération
Décryptage

Les antennes mobiles attendent leur Grenelle

Antennes, portables, wi-fi: les ondes en accusationdossier
Santé . L’Académie de médecine ne voit pas de risque.
par Catherine Maussion
publié le 6 mars 2009 à 6h51

Eteindre le feu. Calmer la vague des actions en justice introduites par les riverains des antennes mobiles pour les faire taire. L’Académie de médecine est montée au front, mercredi, pour clamer l’innocuité des antennes.

Pourquoi cet emballement autour des antennes ?

A son origine, un arrêt de la cour d'appel de Versailles rendu il y a juste un mois. Il a ordonné à Bouygues Télécom d'éteindre son antenne, dans la banlieue de Lyon, au motif qu'elle fait subir aux plaignants un trouble du fait d'être exposés à un risque sanitaire. C'est un revirement de la jurisprudence. Le 16 février, rebelote. Cette fois, c'est SFR qui doit mettre le boisseau sur son relais de téléphonie mobile, à Carpentras (Vaucluse). L'arrêt de la cour d'appel a ouvert un boulevard aux actions en justice. Etienne Cendrier, de l'association Robin des Toit, recensait hier, «une dizaine de procès en cours et d'autres en préparation».

Faut-il avoir peur des antennes ?

L'Académie de médecine balaie le sujet en deux, trois phrases bien senties. Les antennes «entraînent une exposition de 100 à 100 000 fois moins fortes que les téléphones mobiles». Passer «vingt-quatre heures sous une antenne, c'est comme téléphoner «pendant trente secondes». Le Pr André Aurengo, auteur de l'avis, assure que l'Académie «a voulu remettre les pendules à l'heure», alors que dans les tribunaux, «le relativisme gagne l'expertise». L'Agence française de sécurité sanitaire et de l'environnement de travail s'enferme dans le mutisme. Saisie le 14 août 2007 par le gouvernement, elle se livre à une compulsion de toutes les études avant de rendre un avis à… l'automne. Dommage. D'autant qu'une autre étude, sur la nocivité des mobiles, baptisée Interphone, se fait attendre.Mais, des résultats partiels établissent la possibilité d'une augmentation du risque de gliome (tumeur cérébrale) du côté de la tête sur lequel le téléphone est appliqué dans des cas d'utilisation supérieure à dix ans. Sans que l'on puisse établir une relation de cause à effet…

Que faire en attendant ?

Didier Lombard, le patron d'Orange a assuré mercredi, qu'il «s'interdisait de vendre des mobiles à des enfants et fournissait un kit-oreillette avec tous ses téléphones». Mais pour les antennes, c'est différent. Le délégué général de l'instance regroupant les opérateurs, Jean-Marie Danjou, pointe qu'«à côté des 45 000 antennes de téléphonie mobile, il y en a 75 000 autres utilisées par les pompiers, la radio, l'armée, l'aviation civile»… Le gouvernement a décidé de mettre le sujet sur la place publique. Un Grenelle des antennes est convoqué le 26 mars, piloté par le ministère de la Santé.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique