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Libération

Draw Something: Les crobards prennent l’appli

par Camille Gévaudan
publié le 17 avril 2012 à 10h38
(mis à jour le 17 avril 2012 à 10h45)

L'épidémie se répand à une vitesse fulgurante : il peut ne s'écouler qu'une poignée d'heures entre le moment où l'on entend parler de Draw Something pour la première fois et celui où l'on a converti tout son carnet de contacts. Pour transmettre le virus, rien de plus simple : il suffit de sortir son smartphone en compagnie de la cible (ami, parent, collègue) en inclinant l'écran de telle façon que rien ne lui échappe. La future victime aura tôt fait de loucher sur la partie, et de demander le nom de cette drôle d'application où l'on esquisse étoiles de mer et vampires. On lui expliquera alors avec enthousiasme que le jeu reprend les règles du célèbre Pictionary , que oui oui, c'est aussi amusant que sur papier et que non non, ce n'est pas une hérésie d'y jouer par écrans interposés. Ne reste qu'à lui faire une petite démonstration, et c'est bon : voilà un nouveau partenaire de jeu.

Après deux mois d'existence, Draw Something a déjà passé la barre prodigieuse des 50 millions de téléchargements toutes plateformes confondues. Il connaît actuellement la plus forte croissance pour un jeu sur mobile, au point même que sa popularité a surpassé la semaine dernière celle du blockbuster Angry Birds dans l'AppStore, le marché d'applications de l'iPhone (lire l'article). Du jamais vu.

Mais comment résister à une perle comme Draw Something , lorsqu'on n'a rien de plus excitant à se mettre sous les doigts, en ce printemps, qu'un énième épisode des oiseaux colériques ? Jamais encore on n'avait eu un crayon virtuel au bout de l'index et un aspect «social» si bien pensé qu'il recrée la convivialité d'une bonne vieille partie de Dessinez, c'est gagné . Comme dans le classique jeu de société, on alterne les rôles avec son partenaire.

Il faut d’abord deviner ce que représente son dessin grâce à la sélection désordonnée de lettres affichées en bas de l’écran. L’exercice est amusant : même si les parties sont jouées de manière asynchrone entre les concurrents, on voit l’œuvre se reconstituer trait par trait, telle que l’autre l’a construite sur son propre écran… Avec toutes les hésitations et les rebondissements que cela implique (serait-ce un kiwi ? Non, c’est la Terre ! Voilà l’espace, et une boule jaune… Une comète !)

Puis vient notre tour de dessiner un mot proposé par l’application en choisissant l’épaisseur du trait et les couleurs, dans une palette plus riche à mesure de nos succès. Plus on joue et plus on s’applique, grisé par les victoires chèrement acquises et la complicité tissée avec nos camarades de jeu, qu’ils soient piochés parmi les amis Facebook ou tirés au sort.

Le potentiel de Draw Something n'a pas échappé à Zynga, propriétaire des jeux Facebook les plus populaires, comme Farmville ou Mafia Wars . Entrée en Bourse fin 2011, l'entreprise s'est offert l'application de dessin et son studio OMGPOP pour la bagatelle de 200 millions de dollars (153 millions d'euros). Elle prévoit désormais de renforcer les interactions sociales et de traduire l'application en différentes langues, afin d'épargner aux joueurs les consultations incessantes du dictionnaire et les échecs idiots, rageants, lorsqu'on oublie qu'en anglais, un trombone sert à jouer de la musique et pas à attacher des documents.

Paru dans Libération du 16 avril 2012

Draw Something sur Android et iOS

_ Version gratuite avec 900 mots

_ Version payante (environ 0,75 euros) avec 2500 mots

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