Menu
Libération

Les disques durs pataugent toujours

par Sophian Fanen
publié le 14 décembre 2011 à 12h35

Si vous avez l'intention d'acheter un produit informatique équipé d'un disque dur, faites-le rapidement ou attendez le printemps. C'est ce qui ressort des dernières informations communiquées par les principaux constructeurs de disques, qui peinent toujours à faire repartir la production dans leurs usines de Thaïlande, endommagées par les inondations qui ont touché le pays entre les mois de septembre et de novembre - les pires depuis cinquante ans selon le gouvernement. Ainsi, le marché mondial pourrait se contracter de 30% au quatrième trimestre 2011, selon le cabinet iSupply , qui assure une veille dans le domaine de la technologie. En tout, 125 million de disques devraient être produits entre octobre et décembre, contre 175 millions au trimestre précédent.

C'est que 25% de la production mondiale de disques durs, et logiquement de pièces détachées nécessaires à leur fabrication, vient des seules usines Toshiba et Western Digital installées dans les zones touchées, et notamment de la région de Bangkok. Toshiba n'a pas souhaité communiquer sur ce dossier, mais Western Digital, qui fait travailler 37000 personnes dans le pays (à 90% des femmes), affirme que ses deux usines de Thaïlande situées à Bangpa-In et Navanakorn, durement touchées , sont à nouveau ouvertes et recommencent à produire.

«Notre chaîne de fournisseurs revient peu à peu à la normale, détaille Daniel Mauerhofer, en charge de la communication pour l'Europe. Mais un disque dur est constitué de quelques 200 pièces, donc tout ça est très difficile à faire repartir comme vous pouvez l'imaginer. Soixante pour cent de notre production mondiale est située en Thaïlande, le reste étant localisé en Malaisie, où tout tourne normalement. Mais il n'est pas question de changer cette situation: ces inondations sont les plus graves en un demi-siècle, il n'y a pas de raison que cela se reproduise. De plus, nous travaillons avec les autorités thaïlandaises pour nous assurer que les protections nécessaires seront construites.» L'entreprise californienne affirme également avoir payé ses employés pendant que ses chaînes de montage étaient sous les eaux, ce qui est impossible à vérifier. On se contentera de ce rapport publié en 2010 par l'ONG néerlandaise Somo pour évaluer les conditions de travail dans les usines de Western Digital. On y apprend notamment que, comme chez ses concurrents, ses salariés travaillaient à l'époque souvent près de 60 heures par semaine pour un salaire minimum moyen de 121 euros par mois.

Western Digital prévient toutefois que ses usines thaïlandaises tourneront au ralenti pendant encore quelques mois, notamment à cause du réseau de transport qui reste également à remettre sur pied. Ce qui pourrait faire le bonheur de Seagate, son concurrent direct dont les usines thaïlandaises ont échappé aux inondations... Sauf que sa chaîne de fournisseurs a également été rompue. Seagate annonce ainsi un recul de sa production de 21% dans le pays au dernier trimestre 2011.

À ce jour les fabricants d'ordinateurs Dell, Apple, Asus, Hewlett-Packard et Lenovo ont annoncé être directement concernés par le ralentissement des livraisons de disques durs venus de Thaïlande.

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique