Les entreprises sortent le grand jeu

par Bruno Icher
publié le 28 novembre 2011 à 16h15

À Lyon, la semaine dernière, était organisée la Serious Game Expo , une manifestation regroupant un millier de professionnels de ce pan très particulier de l'industrie du jeu vidéo. Le principe consiste à utiliser les ressources du divertissement numérique (animation, interactivité, immersion) pour faire passer un message à portée pédagogique.

Il y a quelques années, un grand nombre de «jeux sérieux», du moins ceux accessibles au grand public, avaient une vocation de poil à gratter. Beaucoup détournaient les codes du jeu pour faire la démonstration de la gravité de situations désespérantes.

Parmi les exemples récents les plus spectaculaires, Inside Disaster Haiti , un documentaire interactif commandé par la Croix-Rouge à propos du séisme. Il s'agit de se placer dans la situation d'un survivant, d'un journaliste ou d'un sauveteur avec, pour chaque personnage, des choix cornéliens à réaliser (sauver une femme écrasée par la foule ou continuer à filmer, par exemple). L'effet obtenu n'était pas seulement instructif, il parvenait aussi à transmettre l'impuissance des acteurs sur le terrain, de même que l'ampleur de la catastrophe.

Avec le temps, et au rythme de la professionnalisation de ce secteur, la tendance contestataire n'a pas totalement disparu, mais le serious game est devenu bien plus institutionnel, avec tout ce que cela peut supposer de lénifiant. Ainsi, les trois lauréats de cette édition de la Serious Game Expo donnent une idée de ce qui se fait de mieux dans le genre. Premier gagnant, le studio KTM Advance a été récompensé pour son travail sur la simulation Suez Ambassador . Outil de formation réservé aux salariés de l'industriel, le jeu consiste à récupérer des bons points en se conformant à la charte de Suez environnement intitulée «les quatre priorités et les douze engagements» .

Suez Ambassador

Deuxième studio récompensé à Lyon, Daesign , avec son projet conçu pour Michelin et les commerciaux qui doivent vendre les produits maison, affronter des clients pas commodes et ne pas enfreindre le principe antitrust. Bref, pas sûr que ce soit passionnant.

Enfin, le troisième studio distingué, Tanukis , a réalisé un jeu en prises de vue réelles dans lequel le «joueur» doit se mettre dans la situation d'un jeune apprenti du bâtiment qui doit renoncer à l'alcool et à la drogue pour bien faire son métier et éviter les accidents provoqués par ce genre de comportement. La bande-annonce de ce jeu, intitulé Premiers combats , est la plus convaincante des trois lauréats, mais le jeu ne sera disponible avant le premier trimestre 2012.

Paru dans Libération du 26 novembre 2011

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