Les paris en ligne à l’heure pour le Mondial

par Christophe Alix
publié le 5 juin 2010 à 12h04

Le calendrier était réputé intenable. Mais aucun obstacle technique ou réglementaire n'aura finalement résisté à la fantastique pression commerciale et médiatique entourant l'ouverture à la concurrence des paris en ligne. Quarante-huit petites heures avant l'ouverture du Mondial de foot, le 11 juin, les premières offres «légales» de bookmaking à la française devraient être disponibles. Les tout premiers agréments de la nouvelle Autorité de régulation des jeux en ligne, l'Arjel , seront en effet formellement attribués le 8 ou le 9 juin, avec inscription au Journal officiel .

Au nombre d’une quinzaine (dans un premier temps), ces licences, valables pour une durée de cinq ans et facturés 20 000 euros l’unité, sont l’indispensable sésame pour commencer à prendre des paris sur la quinzaine de disciplines sportives - dont le foot - pour lesquelles l’Arjel a donné son feu vert.

On estime qu’au moins une trentaine de demandes (paris sportifs, hippiques et poker en ligne), provenant d’une vingtaine d’entreprises, ont déjà été déposées à l’Arjel, qui étudie les dossiers selon leur ordre d’arrivée. Son président, Jean-François Vilotte, s’est toujours refusé à dévoiler le nom des prétendants, mais plusieurs opérateurs (PMU, Betclic, l’autrichien Bwin, Everest Poker, la Française des jeux) avaient rendu public leur dépôt de dossier, sitôt connu le cahier des charges de l’Arjel, il y a moins d’un mois !

Les équipes informatiques ont été mises à très rude épreuve. Il a fallu «documenter» dans un laps de temps très court des milliers de pages de spécifications techniques afin que l’Arjel puisse s’assurer de la possibilité pour ses services d’accéder à tout moment à l’ensemble des données de chaque opérateur : nombre de paris et de transactions, montant des enjeux, historique de chaque joueur…

Le PMU a déposé un dossier de 7 400 pages, Bwin de plus de 6 000 pages, dont 5 000 consacrés à l'informatique, le tout pour un coût estimé entre un et deux millions d'euros par les opérateurs. Une grosse barrière technique à l'entrée voulue par le gouvernement, afin de décourager les candidats incapables de garantir une transparence en temps réel. «Certaines surprises ne sont pas à exclure , confiait récemment le député UMP Jean-François Lamour, rapporteur de la loi. Des noms très connus du secteur pourraient très bien se voir refuser leur licence par l'Arjel, qui a mis la barre très haut.» Premières réponses en début de semaine prochaine.

Paru dans Libération du 04/06/2010

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