Les partenariats très GLAM de Wikimédia

par Camille Gévaudan
publié le 9 décembre 2010 à 14h49
(mis à jour le 3 avril 2012 à 10h43)

Retour sur les trois principaux partenariats établis cette année par Wikimédia.

BnF / Wikisource : toutes bonnes volontés bienvenues

Sur les 1416 textes libres de droit transmis à Wikisource, seuls 369 ont déjà été traités ou sont en cours de traitement par la communauté des wikisourciens. Tous les textes proviennent de la bibliothèque numérique Gallica , sous la double forme d'images issues des pages scannées et de leur retranscription automatique par un logiciel de reconnaissance optique de caractères ( OCR ). Mais beaucoup de ces livres sont anciens, et leur version numérique est souvent truffée d'erreurs produites par le logiciel qui reconnaît mal les caractères (voir sur Gallica le scan d'une page de La mare au diable et sa transcription automatique ). Ils doivent donc faire l'objet d'un travail titanesque de relecture, de correction et de remise en forme, page par page, pour être facilement lisibles et exportables par les internautes intéressés. Pour chaque page, un wikisourcien corrige le texte de l'OCR en s'appuyant sur la page scannée, puis deux autres vérifient sa conformité et déclarent la page «validée» ( résultat pour la page 12 de La mare au diable ).

Grâce à la visibilité donnée au projet par la médiatisation du partenariat, sa présentation aux rencontres Wikimédia et les liens vers Wikisource rajoutés sur le site Gallica , les wikisourciens espèrent attirer de nouveaux contributeurs pour accélérer l'avancement du projet.

British Museum / Wikipédia : tisser des liens

Visite «Backstage» au British Museum -- photo Mike Peel, CC BY SA

Tout est parti d' un billet de blog rédigé par Liam Wyatt, wikimédien australien, en février 2010 : «Il y a des artistes en résidence dans de nombreuses galeries d'art et universités. (...) Alors, une des idées que j'ai suggéré dans mon discours de clôture à GLAM-WIKI (et je me souviens que quelqu'un a ricané, dans le public) était d'installer un jour un wikipédien en résidence dans les musées.» Aussitôt dit, aussitôt fait : très intéressé par l'idée de Witty Lama, comme on le surnomme sur Internet, le British Museum lui propose d'être cette personne et l'invite officiellement à passer un mois dans ses murs pour «tisser des liens entre le musée et la communauté wikipédienne» . Six projets en ont résulté :

- une visite guidée «privée», exclusivement destinée aux wikipédiens, leur a permis de faire le tour de certaines collections publiques et réserves habituellement fermées aux visiteurs, pour rassembler tout matériau susceptible d'enrichir l'encyclopédie : article sur le British Museum lui-même, articles sur les objets de la collection, photographies ...

- un concours récompensé par 5 bons d'achats d'une valeur de 100 livres Sterling à dépenser dans la boutique du musée, consistant à rédiger les meilleurs articles possibles à partir des ressources du British Museum. «Les articles de Wikipédia sur les contenus du British Museum sont beaucoup plus consultés que les pages du site officiel sur le même sujet» , expliquait Liam Wyatt aux rencontres Wikimédia. «Pensez-y, professionnels des GLAM !» Sur les cinq articles finalement primés, un seul est rédigé en langue anglaise -- deux autres sont en catalan, un en espagnol, et celui sur la pierre de Rosette ... en latin. Après avoir été promu Featured article (article de valeur) sur la Wikipédia en latin, il a été traduit en anglais et à nouveau labellisé sur la Wikipédia anglophone.

- des collaborations «one-on-one» entre les conservateurs du musée et les wikipédiens en quête d'informations ou de relecture par des professionnels. Ils ont pu entrer en contact via une page dédiée, où toutes les demandes de mise en relation ont abouti.

- une page pour les requêtes de photographies , où les wikipédiens ont joint leurs efforts pour prendre ou dénicher des clichés d'objets du musée pour illustrer les articles Wikipédia correspondants.

- le «défi Hoxne» , du nom du grand trésor d'or et d'argent de l'Antiquité romaine conservé au British Museum, consistait à écrire le meilleur article possible sur le sujet en une semaine tout pile, en utilisant «les meilleures ressources du monde» mises à disposition par le musée (visites, documentation et contact des experts). Le 17 juin 2010, l'article anglophone était à peine une ébauche de quelques lignes . Le 25, il était méconnaissable : d'une longueur très respectable, bien illustré et ultra-sourcé. Fin juillet, il a obtenu le titre prestigieux de featured article .

- Last but not least , le sixième sous-projet est français : dans le cadre de ses cours d'anglais, une classe de troisième auvergnate s'est attelée à la traduction de plusieurs articles sur les collections du British Museum, pour les réintégrer à la Wikipédia francophone. En guise de récompense, les élèves sont allés voir les objets «en vrai» au cours d'une sortie scolaire à Londres.

Toulouse / Wikimédia Commons : un outil de travail pour les chercheurs

Biface cordiforme photographié par Didier Descouens, CC BY SA

La majeure partie du «partenariat global» tissé entre la Ville de Toulouse et Wikimédia portait sur le projet Phoebus , visant à mettre en ligne le plus de clichés possibles des objets paléontologiques et préhistoriques du Muséum. Plus de 300 photos ont déjà été téléchargées avec une taille gigantesque et d'une résolution impressionnante -- parfois d'un poids supérieur à 15 Mégaoctets. Pour les photos d'objets volumineux, comme les crânes humains , 6 ou 7 photos ont été superposées pour corriger la profondeur de champ et garder l'ensemble net -- des heures et des heures de post-traitement. Contrairement aux archives fédérales allemandes, qui ont également fait don de nombreuses photos à Wikimédia Commons, les Toulousains n'ont pas cherché à négocier à la baisse la taille des photos : plus elles sont grandes, mieux elles permettent à tous les étudiants et chercheurs intéressés d'en voir les moindres détails, et de travailler directement à partir de ces documents sans devoir se déplacer jusqu'à Toulouse. C'est également dans cette perspective que le conservateur du Muséum a défini comme une «nécessité absolue» de travailler au légendage précis et complet des photos.

Parallèlement, les archives et la bibliothèque municipales de Toulouse ont fourni à Wikimédia Commons l'impressionnant fonds photographique Eugène Trutat ( ici et ), photographe toulousain de la fin du 19e siècle ayant notamment immortalisé les Pyrénées et les inondations de 1875 sur plaques de verre.

Et la collaboration est loin d'être finie : surmotivé, le personnel du Muséum de Toulouse veut maintenant mettre la collection intégrale du Transvaal Museum sud-africain sur Commons, pour un accès libre aux photographies d' «un tiers des australopithèques mondiaux» .

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus