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Internet: Les réseaux s'activent au Web 3

Réunis aujourd'hui et demain à Saint Denis, 2000 acteurs du Web peuvent écouter des conférences et surtout étoffer leur réseau en parlant investissements.
par Erwan Cario et Sébastien Delahaye
publié le 11 décembre 2007 à 15h45

Quand on arrive en haut de l'énorme amphithéâtre des Docks de Saint Denis, le regard n'est pas attiré en premier lieu par la scène, plutôt sobre, mais par la myriade d'ordinateurs portables allumés. Pratiquement un spectateur sur deux est en effet en train de surfer, de mettre à jour son blog, de mettre à jour une galerie photo, voire d'uploader une vidéo. Sur la scène, les intervenants discutent Web, réseaux sociaux, micro-blogging ou design. Pour sa quatrième édition, Le Web 3 a vu les chose en grand.

Près de 2000 personnes venues de 40 pays sont réunies dans les trois grandes salles dédiées à l'événement à deux pas de la Porte de la Chapelle. Dans la première, les conférences. Un enchaînement serré de débats et de «keynotes», intervention préparée d'une personne sur un sujet précis. Entre 15 et 45 minutes. Premier point d'orgue de l'événement, un speech de Philippe Stark, «En quoi le design est social». Le créateur a conquis la salle et paniqué quelque peu les organisateurs en explosant le temps imparti à son intervention. A venir aujourd'hui, les discours très attendus de Karlheinz Brandenburg qui a participé à la création du format mp3 et de Joi Ito, investisseur et blogueur vedette accro au jeu en ligne World of Warcraft .

La deuxième salle est dédiée au «networking», ou «réseautage», en français approximatif. C'est sans doute la principale motivation de la majorité des participants. Connaître et se faire connaître. On y parle financement, business plan, monétisation d'audience et autres perspectives d'avenir forcément roses et lucratives. Cédric Malloux, dirigeant de la start-up AllPeers qui développe une extension Firefox d'échanges privés en peer to peer, raconte «Je suis venu ici, parce que habitant à Prague, c'est toujours très difficile de rencontrer des acteurs de l'Internet européen. C'est l'opportunité idéale de rencontrer des gens, de discuter un peu de l'industrie, des tendances, etc.» Dans un décor très cosy, les présentations de projets et les discours vendeurs s'enchaînent, toujours sur des ordinateurs portables dernier cri. Avec un air de «first tuesday», ces rencontres mensuelles entre entrepreneurs et investisseurs devenues symboles de la première bulle Internet en 1999-2000.

Le salon Networking du Web 3 - CC Ecrans.fr

Pas de quoi inquiéter l'organisateur de l'événement, Loïc Le Meur. L'entrepreneur, connu pour avoir été conseiller Internet du candidat Sarkozy durant la dernière campagne présidentielle, s'est exilé récemment aux Etats-Unis pour monter une nouvelle start-up, Seesmic. Evidemment enthousiaste sur les motivations et le déroulement de sa manifestation, il explique, tout en retenue : «C'est le secteur qui va être le plus créateur d'emplois dans les années à venir. On est en train de changer le monde, de participer à la création d'un secteur économique nouveau, de rendre le monde plus grand.» Moins optimiste, Kevin Rose, le fondateur du site digg.com, est persuadé du retour de la bulle Internet : «Elle est différente, mais elle existe vraiment. Aujourd'hui, les start-ups ne rentrent pas massivement en bourse, mais il y a d'énormes investissements sur des projets sans intérêt. L'éclatement de la bulle sera beaucoup moins visible qu'en 2000. Mais d'ici cinq ans, beaucoup des entreprises présentes aujourd'hui n'existeront plus.»

La troisième salle, d'ailleurs, accueille un «concours de start-ups» où 33 sociétés présentent à la chaîne leur concept en espérant se faire remarquer et attirer les capitaux-risqueurs présents. Outre certaines conférences de très haut niveau, l'ambiance est donc aujourd'hui très centrée sur le business. Sur un Internet un peu bling bling qui rêve de levée de fond et valorisation financière. De quoi rendre certains un peu sceptiques. Comme Tristan Nitot, président de Mozilla Europe : «Cette année, c'est un peu dommage parce que je crois qu'on ne va pas parler beaucoup de logiciels libres au Web3. Alors que tous les services l'utilisent. Mais c'est pas grave, l'essentiel c'est que le logiciel libre soit utile. L'important, ce n'est pas le strass et les paillettes.»

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