Cartographie

Les routards du web #6 : dessine-moi une maison

OpenStreetMap est un projet qui tente depuis 5 ans de redessiner le monde sous licence libre. Ecrans.fr va essayer de participer à l’aventure.
par Camille Gévaudan
publié le 11 août 2009 à 16h58
(mis à jour le 19 octobre 2009 à 13h10)

Ca y est, c’est en ligne ! Ma petite carte de Sarrebourg est visible aux yeux du monde entier sur OpenStreetMap.org, un jour seulement après l’envoi des données sur le serveur. Les nœuds et chemins que j’avais tracés apparaissent maintenant sous la forme de jolies rues telles qu’on a l’habitude les voir sur les cartes – blanches, jaunes ou orange selon leur importance. Le nom des voies est inscrit dedans, des flèches indiquent les sens uniques, une petite tasse représente un salon de thé que j’ai localisé et le cinéma s’est même vu attribuer un pictogramme en forme de pellicule. Une fantastique fierté m’envahit (c’est-moi-qui-l’ai-fait-c’est-ma-ville-elle-est-sur-internet !).

Après quelques minutes de contemplation, je me rends compte que les deux fragments de la Grand Rue, séparés par la zone piétonne, sont bien notés à sens unique mais dans la mauvaise direction... Ce qui me donne l’occasion, en rouvrant JOSM, de tomber sur mon premier os : je ne comprends rien à la fonction «inverser chemin» dans les menus. Une pop-up me demande si je veux mettre le tag oneway à «-1», ce dont je n’ai absolument aucune idée. Voilà une bonne question à poser sur la liste de discussions française ! Et bien m’en a pris : en l’espace des 5 minutes suivant l’explication de mon problème, je reçois trois réponses claires et détaillées. Magie des communautés libres... Bon, peut-être que comme le suggère un «OSMeur», je suis un peu chouchoutée parce que j’écris cette série d’articles sur le projet, mais ça fait tout de même drôlement plaisir.

Un autre contributeur en profite pour me signaler de petites erreurs dans ma carte de Sarrebourg, concernant principalement les conventions typographiques des noms de rue. Pour changer, je décide de corriger ça avec Potlatch. Cet autre éditeur de carte, contrairement à JOSM, ne se télécharge pas : l'interface est directement accessible depuis l'onglet «Éditer» du site Internet, exactement comme pour modifier un article Wikipédia. Potlatch est moins convivial que JOSM puisqu'il faut taper les tags à la main, mais il me convient très bien pour les petites modifications que j'ai à faire, du type ajout de majuscule à «Rue de la Paix».

Un plug-in permet d'afficher, dans le logiciel JOSM, les plans cadastraux.

Il me reste une dernière facette à explorer pour compléter ma découverte d’OpenStreetMap : le tracé des bâtiments. Alors que les cartes des autres pays se basent sur les images satellite fournies par Yahoo pour tracer les contours des bâtiments, les contributeurs français disposent depuis quelques mois des données de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP). Lorsque celle-ci a commencé, en 2008, à publier les plans cadastraux sur Internet, les contributeurs d’OpenStreetMap y ont vu une formidable opportunité de réutiliser ces données numériques dans les cartes des villes. Ils ont contacté la DGFiP, qui a donné son accord en rappelant que «la rediffusion de ces données n’est autorisée que pour les produits composites» (ce qui est le cas d’OpenStreetMap), et à condition que la source et le millésime des données soit précisés (ce qui est possible grâce à un simple tag source associé aux tracés). Mais la vraie bonne surprise était que la DGFiP a offert à OpenStreetMap l’accès à son Web Map Service. Concrètement, cela signifie qu’un plug-in pour le logiciel JOSM peut télécharger les données cadastrales directement depuis les serveurs de cadastre.gouv.fr, et les afficher par-dessus les tracés de routes comme un calque supplémentaire.

Et ça marche à merveille ! Après deux ou trois configurations, il suffit d’un petit coup de F11 pour superposer à son travail les plans cadastraux et commencer à dessiner les contours de bâtiments. Les données ne sont pas encore disponibles pour toute la France, mais les grandes villes sont globalement bien couvertes et le centre-ville de Grenoble, cité par Pieren dans les forums d’Ecrans, est un bel exemple du potentiel offert par cette fonctionnalité.

Finalement, je n'aurai pas à attendre un retour à Sarrebourg pour continuer à m'amuser sur OpenStreetMap...

Au prochain et dernier épisode, interview collective des habitués du projet :

Les routards du web : «Nous sommes comme des fourmis»

Les épisodes précédents:

  1. OpenStreetMap, les routards du web #1 : A la carte !
  2. Les routards du web #2 : Lost in GPS
  3. Les routards du web #3 : Sur la route
  4. Les routards du web #4 : Les traces de son passage
  5. Les routards du web #5 : Taggons les rues !

> Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus