Les serveurs web migrent vers le froid

par Anne-Françoise Hivert
publié le 1er février 2012 à 17h59
(mis à jour le 8 février 2012 à 17h02)

La planète se réchauffe peut-être, mais à Luleå, en Suède, les températures restent fraîches. De quoi donner des idées à certains : pourquoi ne pas inciter les géants du Web, qui déboursent des sommes astronomiques pour refroidir leurs serveurs, à venir se rafraîchir à petits prix, dans la région ? Avec, en prime, la possibilité de se racheter une conscience écolo, en utilisant de l’électricité produite à partir de sources renouvelables.

Après deux ans et demi de négociations, Facebook s'est laissé convaincre. D'ici 2014, la commune de 74000 habitants accueillera la plus grande ferme de serveurs jamais construite en Europe : 84000 m2, l'équivalent de onze terrains de foot, répartis sur trois sites, dont la consommation d'électricité atteindra celle d'une ville de 16000 foyers. Selon Anders Granberg, chef du projet à Luleå, le climat a joué un rôle essentiel : en utilisant le froid pour rafraîchir ses serveurs, Facebook «compte réduire considérablement sa consommation d'énergie» . Autres avantages : la stabilité du réseau électrique, «qui n'a pas connu de coupure depuis 1979» , et la faiblesse des prix de l'électricité produite localement. Grâce à ses centrales hydrauliques, Luleå dispose de deux fois plus d'énergie qu'elle n'en consomme.

«Nous en avons assez pour alimenter dix centres de la taille de celui de Facebook» , explique Anders Granberg. Apple, Yahoo, Amazon… Tomas Sokolnicki, spécialiste du secteur auprès de l'agence gouvernementale Invest in Sweden, énumère les clients potentiels : «La plupart des grosses compagnies du Web cherchent à installer leurs serveurs en Europe. Il y a aussi les sociétés de services de stockage et de cloud computing, ainsi que les entreprises d'hébergement de serveurs.»

En Suède, une cinquantaine de sites ont été sélectionnés. Aux États-Unis, une délégation en fait la promotion. Mais d'autres pays sont dans la course et Google a préféré la Finlande. Microsoft a choisi l'Irlande. La force de la Suède, selon Tomas Sokolnicki, réside dans la qualité de ses infrastructures internet, «parmi les meilleures» , affirme-t-il, rappelant que 80% du trafic provenant de Russie passe par le royaume scandinave. Les câbles sont installés. Ils ne demandent plus qu'à être utilisés.

Paru dans Libération du 31 janvier 2012

De notre correspondante en Scandinavie

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