Les tweets féroces de Cristina Kirchner

par Mathilde Guillaume
publié le 21 octobre 2010 à 9h40

La présidente argentine s'est découvert une passion pour Twitter : inscrite sur le tard, Cristina Kirchner, alias @CFKArgentina , a posté en un mois plus de tweets que les vingt-deux autres leaders mondiaux présents sur le site de micro-blogging. Critiques furibondes à l'opposition, moqueries aux journalistes, autopromo ou anecdotes de sa journée de travail, ses messages provoquent la surprise et occupent quotidiennement les éditorialistes argentins. Contrairement à d'autres politiques, il semblerait qu'elle écrive seule ses tweets : «Son style y est reconnaissable, et ses messages sont si incendiaires et parfois incongrus qu'il semble impossible qu'ils soient écrits par un ghost writer» , souligne l'analyste politique Rosendo Fraga.

La présidente, en conflit ouvert avec les deux principaux groupes médiatiques La Nación et Clarin , se sert de cet outil pour communiquer sans filtre avec ses 145 000 followers, n'hésitant pas à tirer à boulets rouges sur les secteurs qu'elle juge hostiles, parfois au mépris de la séparation des pouvoirs. Les journalistes, la Cour suprême, les législateurs de l'opposition ou son vice-président, qualifié de «squatteur» , en prennent pour leur grade. Avec une moyenne de sept tweets par jour, elle coiffe au poteau son collègue vénézuélien Hugo Chávez, qu'elle surnomme affectueusement «Huguito» voire «querido» («chéri») lors de séances où, sur Twitter, les deux présidents parlent de littérature et se congratulent dans un style qui peut prêter à sourire.

«Kirchner se comporte comme une ado sur Twitter» , critique l'ex-président, aujourd'hui dans l'opposition, Eduardo Duhalde. Elle y tutoie son lecteur et l'interpelle fréquemment : «Non, tu ne rêves pas» , ou «Pas la peine de chausser tes lunettes, tu as bien lu» . Son usage approximatif de l'anglais provoque aussi les moqueries. Rosendo Fraga ironise : «Cet outil qu'elle considère comme une arme de campagne pourrait bien se retourner contre elle. Parfois, le ridicule tue.»

Paru dans Libération du 20 octobre 2010

De notre correspondante à Buenos Aires

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