Les utilisateurs de Twitter ont du mal à suivre

Malgré une audience en forte hausse, le site de microblogging peinerait à fidéliser ses utilisateurs.
par Alexandre Hervaud
publié le 19 mai 2009 à 16h43

Devant les récents chiffres d'audience de Twitter , les créateurs du site de microblogging créé en 2006 avaient de quoi se réjouir, mais également des raisons de craindre pour l'avenir de leur bébé. En effet, entre février 2008 et février 2009, l'audience du site a connu une hausse exceptionnelle de 1382% d'après Nielsen . Le hic, c'est que 60% des nouveaux membres cessent d'utiliser le service dans le mois qui suit leur inscription ! A titre de comparaison, Myspace et Facebook parvenaient à retenir près du double d'utilisateurs à ce stade de leur existence, comme le rappelait fin avril le Los Angeles Times . Un chiffre toutefois à relativiser , puisque rien n'empêche les inscrits «volages» de revenir à la charge les mois suivants, d'autant que Nielsen aurait omis de prendre en compte certaines applications mobiles de Twitter.

Beaucoup d'observateurs voient dans ce rapide désintérêt une démonstration de la fragilité du service, par ailleurs encore dénué de modèle économique clairement déterminé. Et si au contraire, il était la preuve que, malgré toutes les louanges – souvent méritées- entourant le service, ce dernier est tout simplement moins grand public et accessible que Facebook, Myspace et consort ? Ces deux géants du web communautaire ont bâti leur succès sur la diversité des services qu'ils proposent, dont les fonctionnalités englobent celles de sites plus spécialisés. Ainsi, Facebook et Myspace permettent la mise en ligne de photos (comme Flickr) et de vidéos (comme YouTube), des messageries classiques (comme Gmail, Hotmail, Yahoo etc.) voire instantannées pour Facebook (concurrençant ainsi Messenger, Gchat), sans oublier le partages de liens et de statuts (comme Twitter, donc).

Avec sa nouvelle page d'accueil tant décriée, Facebook a clairement pris en compte le succès de Twitter dans sa façon de présenter les statuts façon temps réel. Cette proximité, Jack Dorsey, co-créateur de Twitter, en a évidemment conscience, et s'en trouve même «flatté» , tout en pointant les différences «cruciales» entre le réseau de Mark Zuckerberg et Twitter. Dorsey déclarait ainsi au Los Angeles Times la semaine dernière : «la façon dont les utilisateurs interagissent est différente. Sur Facebook, c'est souvent centré sur des vraies relations, entre connaissances. Et pour recevoir ses updates via Facebook, une personne doit d'abord vous en donner l'autorisation. Cette barrière n'existe pas, dans la plupart des cas, sur Twitter [sauf pour les profils privés, ndla]».

Le discours de Dorsey n'omet évidemment pas de pointer la spécificité grandissante de Twitter, accrue à mesure que les utilisateurs se multiplient : la recherche en temps réel. «Sur Twitter, les gens ne suivent pas seulement d'autres gens, mais également des sujets précis, des lieux, des mots-clés et des conversations. Et ça, Facebook ne le permet pas, pour l'instant.» . Une caractéristique bien soulignée par le récent changement de la page Twitter.com, qui affiche désormais les trending topics (les «sujets chauds», comme par exemple #gonzpiration dimanche dernier pour tout ce qui était relatif à la performance du chanteur Gonzales et de son record mondial). La force de Twitter en la matière n'est pas passé inaperçue du côté de Google. Marissa Mayer, la responsable du moteur de recherche, déclarait récemment à nos confrères de l'Expansion : «nous sommes bien sûr intéressés par la possibilité d'intégrer les tweets dans l'index du moteur de recherche et d'ajouter ce signal important dans les résultats de recherche.» .

DR

En attendant, pour tenter de résoudre l'hémorragie des nouveaux utilisateurs peu conquis par le service, Twitter a mis en place divers outils pour limiter les dégâts. Depuis février, une page spéciale censé « guider » les nouveaux arrivants propose une liste d'utilisateurs «à suivre» (les suggested users ). Parmi eux, des comptes de personnalités diverses (acteurs, journalistes, musiciens, personnages fictifs) dont le nombre de followers a explosé suite à cette exposition accrue. Pas sûr que l'idée de suivre Mariah Carey (ou plutôt son attaché de presse) suffise pour autant à convaincre les néo-utilisateurs. Pas plus que les reportages relativement affligeants sur le sujet :

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