Les vidéos piratées, c'est mal, mais pas toujours

par Astrid GIRARDEAU
publié le 4 novembre 2008 à 17h20
(mis à jour le 4 novembre 2008 à 17h36)

Il y a deux mois, Google révélait que 90% des ayants droits préfèrent récolter leur part des revenus publicitaires générés par une vidéo piratée sur YouTube plutôt que de la bloquer. Google leur a en fait confectionné une petite solution de détection, Video ID, qui leur permet à la fois d'être informé lorsque l'un de leurs contenus est diffusé sans leur autorisation sur la plate-forme de vidéos en ligne, et de décider alors s'ils souhaitent au choix le «bloquer» , le «promouvoir» ou le «monétiser» .

Si le chiffre de 90% est impressionnant, il concerne uniquement les quelque trois cents ayants droit partenaires, pour le moment, de Google sur l'outil. Reste qu'il témoigne d'un changement de mentalité. Ou simplement que tout argent est bon à prendre, d'où qu'il vienne.

Aussi, il n'est pas étonnant d'apprendre que MySpace vient de passer un partenariat avec Auditude , une société américaine spécialisée dans la rentabilisation des vidéos. Le but est le même : générer des revenus publicitaires des vidéos diffusées en premier lieu illégalement sur sa plate-forme. Concrètement, Auditude a développé une technologie d'empreinte virtuelle (fingerprinting) -- validée par le MPAA -- et surtout mis en place une base de données qui compte aujourd'hui plus d'un milliard de minutes de films et de programmes télévisés américains.

Via cette technologie, Auditude peut donc identifier si tel contenu est autorisé ou non. Si non, il prévient l'internaute et insère automatiquement un encart publicitaire dont une part des revenus sera reversée à l'ayant-droit. Difficile d'imaginer le message alors adressé à l'internaute qui voulait juste regarder le dernier clip de Britney Spears mais est tombé, sans le savoir, sur une version non-officielle ( «Le clip que vous avez choisi est illégal, vous héritez de 20 secondes de publicité» ?)

MySpace et Auditude ont donc conclu un accord sur la diffusion des contenus de MTV Networks (MTV, Comedy Central, etc.). Avec cette solution, «nous pourrons continuer à donner aux utilisateurs la liberté de mettre nos contenus où ils le veulent en ligne, tout en nous assurant de pouvoir les monétiser» , a déclaré Mika Salmi, un responsable de MTV Networks, à l'AFP.

De son côté, Adam Cahan, directeur général d'Auditude, se félicite de pouvoir surveiller toutes les émissions télévisées en temps réel et savoir «à la minute près quand ça passe à la télévision et quand c'est téléchargé» .

«Tout le monde y gagne , explique Jeff Berman, président du Marketing de MySpace à l'AFP, Auditude laisse l'internaute faire ce qu'il veut avec des vidéos sous copyright et y colle de la publicité» . C'est sûr que c'est toujours mieux que la suppression radicale à laquelle on assiste depuis quelques mois sur les différentes plates-formes d'hébergement de vidéos.

Le hic, c'est qu'au même moment, on parle aussi beaucoup de mesures à caractère préventif ou éducatif vis-à-vis du piratage. Aussi, on peut se demander si ce genre de solutions ne génère finalement pas une confusion de plus en plus grande chez les internautes. Les mêmes qui expliquaient «pirater, c'est voler» disent aujourd'hui en gros : «ok, pirater, c'est mal, mais maintenant ça nous rapporte de l'argent, alors allez-y» .

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