Des kilomètres de sentiers bretons, le roi Arthur s'en est fait depuis sa première apparition le 3 janvier 2005 sur M6. Mais les 3 minutes apéritives du début sont bien loin. En se nourrissant des ambitions de son créateur, Alexandre Astier, Kaamelott n'a pu se contenter de ce format. Petit à petit, il a ajouté une chronologie, des doubles épisodes puis, lors du Livre V, développé une part d'ombre à son héros en laissant le téléspectateur avec cette question : Arthur va-t-il mourir ?
Dernier volet télévisé (une trilogie au cinéma est envisagée), le Livre VI, qui a démarré samedi, n'y répond pas avant le neuvième et dernier épisode. Les huit autres nous invitent à creuser le passé de son roi, quinze ans avant Kaamelott , quand il n'était qu'un simple soldat de la milice urbaine à Rome. Là-bas, il s'appelle Arturus (à prononcer «Artouros» ) et de l'île de Bretagne, il ne se rappelle qu'un barbu. C'est pourtant ses origines qui vont lui conférer son pouvoir. Référence à l'ascension de l'apprenti jedi Luke Skywalker qu'assume sans broncher son créateur.
Servi par une nouvelle distribution (Patrick Chesnais, Manu Payet, Pierre Mondy…) qui dispose déjà de répliques cultes ( «Ils t'ont mis poulet à toi ?» … Oui, bon, il faut regarder pour saisir le sel), cet ultime tome est une belle réussite d'auteur à la télé : dialogues surprenants, forts enjeux dramatiques sur la filiation, Astier se fait une place auprès des plus grands, entre Aaron Sorkin (créateur de A la Maison Blanche ) et Michel Audiard. Et il la mériterait presque, le bougre.
Kaamelott, Livre VI
_ 3 épisodes tous les samedi à 20 h 40, sur M6
Paru dans Libération du 18 octobre 2009