Logiciel libre : «L'April a réussi à toucher un nouveau public»

par Astrid GIRARDEAU
publié le 2 février 2009 à 14h41
(mis à jour le 3 février 2009 à 17h45)

Le 12 novembre dernier, l'April lançait une grande campagne d'adhésion . Avec le soutien public de Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, l'association française de promotion et de défense du logiciel libre annonçait son objectif de passer de 2500 à 5000 adhérents d'ici la prochaine assemblée générale, prévue le 14 février 2009. Le but : «une plus grande représentativité et légitimité de nos actions» , nous expliquait alors son président Benoit Sibaud.

A moins de deux semaines de l'AG, et 4116 adhérents au compteur, nous avons fait un point sur la campagne et sur les enjeux de l'association en 2009 avec Frédéric Couchet, délégué général de l'April.

4116 adhérents, vous êtes contents du résultat ?

_ Oui, c'est bien. Surtout, la répartition des nouveaux adhérents est intéressante, avec plus de 1700 individus, une centaine d'entreprises, une quarantaine d'associations et deux nouvelles collectivités (Yerres et Grigny). On compte également trois nouveaux départements universitaires, et, c'est une première, une université, Pierre Mendès France ( UPMF ) de Grenoble.

Après le lancement, et les premiers jours de pic, la campagne a continué, et continue encore aujourd'hui. Avant, on était à une moyenne de 1 à 2 adhésions par jour, on est actuellement entre 8 et 10. En dehors de Tristan Nitot, on a bénéficié du soutien d'Alexis Kauffmann de Framasoft , de VideoLAN ou encore d' Ubuntu-fr . Mais aussi d'un vrai relais des adhérents actuels, via des bannières ou des articles sur leur blog.

L'un des objectifs était aussi une plus grande mixité...

_ Oui, et on a réussi à toucher un nouveau public, en dehors du milieu informaticien classique. On a de plus en plus des gens du grand public, d'univers et d'origines géographiques diverses. Il y a également des gens qu'on connaît depuis des années mais qui n'adhèrent que maintenant.

Pour quelles raisons ?

_ Ce sont des gens convaincus, mais tellement bombardés d'information que, simplement, ils oublient d'adhérer. Aussi, certains ont réalisé que l'April avait un vrai impact. Il y a quelques années, sur les forums consacrés au Libre, on pouvait lire : «C'est pas possible» , «Vous ne gagnerez pas» , etc. Ils pensaient qu'on n'y arriverait pas, que c'était une perte de temps. Puis ils se sont rendus compte qu'on avait obtenu des résultats, et finalement compris que l'adhésion était un vrai soutien.

La campagne s'arrête donc au 14 février ?

_ Le 14 février va être un week-end entre membres, autour de l'AG et d'ateliers. Mais cette campagne se terminera quand on aura atteint les 5000. Je pense ensuite qu'on peut facilement atteindre les 8000 ou 10000 adhérents d'ici deux-trois ans. On est dans une dynamique, et l'évolution naturelle de l'April devrait se poursuivre alors que la palette des membres s'élargit. Par exemple, on a de plus en plus de collectivités, ce qui attire de nouvelles collectivités. C'est un cercle vertueux.

Quel est votre bilan pour 2008 ?

_ Une très bonne année. On a constaté une explosion des demandes (pour des interventions, conseils, etc.), et une progression globale même au niveau politique. Des engagements ont par exemple été pris -- on verra s'ils sont tenus -- au sujet de la vente liée, et le Logiciel Libre a été partiellement pris en compte dans le plan 2012 [ Plan pour le développement de l'économie numérique remis en octobre dernier par Eric Besson, ndlr ]. Je noterai aussi le succès du questionnaire Libre Association sur les usages informatiques des associations et leur connaissance du logiciel libre, et à laquelle plus de 400 associations ont répondu. Et enfin le résultat positif de notre recours au conseil d'état sur le contournement des DRM.

Et vos priorités pour 2009 ?

_ 2009 devrait être encore plus active avec d'une part le projet Libre Association , et le développement d'un Observatoire permanent de l'usage des Logiciels Libres dans le monde associatif, et de l'autre, la campagne électorale des députés européens. Comme on l'a fait en 2007 pour les législatives françaises, on va lancer un Pacte du Logiciel Libre pour sensibiliser les candidats, et les inciter à s'engager. Un engagement qu'ils tiennent généralement ensuite.

Il y a un réseau de structures équivalentes à l'April en Europe ?

_ Non, localement, il n'existe pas en Europe de structure aussi puissante que l'April.

Une April européenne est dans vos cartons ?

_ Je ne suis pas convaincu de la pertinence d'une April européenne. Notre travail est davantage basé sur la coordination, que sur la fédération. Notre cœur d'activité reste la France, même si ce qui se passe à Bruxelles nous pousse à travailler au niveau de l'Europe. Pour la campagne européenne, notre espoir est surtout d'arriver à identifier, dans chaque pays, les acteurs locaux qui pourraient être actifs, et avoir une résonance. Le site, qui sera traduit dans les langues de tous les pays de l'Union, sera là pour leur servir de plate-forme technique. Il sera mis en ligne courant février.

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