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Libération

«Lost» exit

par Raphaël GARRIGOS, Alexandre Hervaud, Isabelle ROBERTS, Isabelle Hanne et Geoffroy Husson
publié le 5 mai 2010 à 17h21

Lost , série de J.J. Abrams, Damon Lindelof et Carlton Cuse , saison 6, ép. 1 et 2/18, TF1, ce soir, 23 heures.

Fondu au blanc. Pour la première fois en cinq ans, un épisode de Lost ne s'est pas terminé par le fameux fondu au noir où s'inscrivent les quatre lettres du titre. C'était le 103e, l'ultime de la saison 5, Juliet frappait sur la bombe H. Mais si, enfin, la bombe qui allait permettre à nos héros, bloqués en 1977 depuis qu'ils sont revenus sur l'île (en 2007), de remettre les compteurs à zéro et de redémarrer leurs vies quelques instants avant le 22 septembre 2004 à 13 heures GMT. Quelques instants avant le début de la série, avant que le vol 815 d'Oceanic Airlines se crashe sur cette satanée île. Fondu au blanc pour faire enfin la lumière sur cinq années de mystères en forme d'ours polaires, de fumée noire et de voyages dans le temps. Rien compris ? Pas grave. Car, pour cette dernière saison, dont TF1 entame ce soir la diffusion alors qu'elle se termine le 23 mai sur ABC aux Etats-Unis, les créateurs de la série ont promis de lever le voile sur une bonne partie des trucs biscornus qu'ils nous injectent en intraveineuse depuis cinq ans. Ce soir, pour Lost , c'est le début de la fin.

Ile, elles, eux

Au début tout est simple, nous sommes en 2004, en 6 avant Eyjafjallajökull, et un avion se crashe sur une île genre déserte. Parmi la poignée de rescapés éparpillée sur le sable, la bonne vieille brochette de film catastrophe, ou le casting idéal d'un Survivor ( Koh Lanta en V.F). Voici le bogosse médecin-héros-au-cœur-pur Jack ; la belle-héroïne-au-lourd-secret Kate Austen ; le crunchy bad boy rebelle Sawyer ; le gourouissime John Locke (à noter : l'étrange propension des personnages de Lost à porter des noms de philosophes ou d'écrivains, on vous passe les Rousseau et autres Hume). Nous avons aussi l'oie blanche enceinte jusqu'aux yeux, Claire. Sans oublier la touche de diversité : le sulfureux irakien Sayid, le mignonnet couple coréen Jin et Sun, Michael, son fils Walt et le gros Hurley. Ça, c'est la version simple, avant que nos amis découvrent qu'ils ne sont pas seuls, et que l'enfer, c'est «les Autres», les ennemis avec à leur tête le duplice Ben Linus. Avant que l'île ne bouge (oui), avant que les handicapés ne remarchent, que les morts revivent, que les vivants meurent, à moins qu'ils n'aient jamais été vivants. Ou morts. Ou les deux. Oui, Lost permet de sérieuses économies en substances psychotropes.

«On s'fait un peu suer, non ?» - DR

4 8 15 16 23 42

4 8 15 16 23 42. Ils sont partout, ces chiffres. Sur les cartes de Danielle Rousseau, sur le billet de loterie qui fait gagner Hurley, sur le matricule de la trappe du bunker, sur les voitures de police de Los Angeles… Ce sont eux qu’il faut entrer, toutes les 108 minutes, sur l’ordinateur du Cygne. Que signifient ces foutus chiffres ? L’Expérience Lost, jeu de rôles multimédia créé par les scénaristes entre les saisons 2 et 3, avait donné une première réponse : ils seraient le résultat de l’équation de Valenzetti, formule mathématique qui prédirait l’extinction de l’humanité. Rien que ça. Paraît que la saison 6 fournit une explication beaucoup plus bébête.

La Dharma couine

Dès la deuxième saison, le mystère a un nom : Dharma. Du nom du projet mis en place sur l'île en 1970, pour, officiellement, exploiter les propriétés uniques du lieu et mener des expérimentations. Notamment en zoologie, d'où les extravagants ours polaires (Kate et Sawyer, retenus prisonniers, font d'ailleurs la bête à deux dos dans la cage d'un zoo abandonné). Mais en 1992, les membres du Dharma sont exterminés par les «Ennemis» qui vivent sur l'île depuis les années 50, mettant fin au projet. Peu à peu, les survivants du crash découvrent les vestiges de Dharma, ses stations où sommeillent de vieux films pédagogiques. On y voit un scientifique dévoiler Dharma, terminant ainsi chacune de ses explications : «Merci, namasté et bonne chance.»

Fumée tue

La fumée noire, ou «smoke monster» , apparaît dès la première saison et marque le tournant de la série vers le fantastique pur, et non le simple récit de survivants façon Robinson. Sorte de nuage de pot d'échappement parsemé d'éclairs, la fumée zigouille à intervalles réguliers. Suite à un face-à-face avec la chose, John Locke lâchera : «J'ai regardé l'île dans les yeux, et ce que j'y ai vu était beau.» Joie, cette saison 6 répondra enfin à la question : la fumée, c'est quoi ? Ou «qui», pour être exact, héhé.

«C'est ici la soirée chamallow ?» - DR

Le fond de Jacob

Jacob est indubitablement l’un des personnages clés de l’intrigue. Mi-légende, mi-humain, celui dont on n’a longtemps fait que prononcer le nom apparaît en chair et en os durant la saison 5. Lors des flash-back, on découvre un aspect capital du personnage, il ne vieillit pas. L’intrigue de la série repose sans doute sur la nature de Jacob, laquelle, une fois révélée, devrait nous dire ce qu’est l’île et pourquoi Jack et consorts y sont coincés.

La guibole de la statue

Ce mystère est en partie résolu. Le pied statufié vu à plusieurs reprises vient en fait de la statue du dieu égyptien Taouret. A la fin de la saison 5 on a même appris que son socle abritait le refuge de Jacob. Dans l'ultime saison, on devrait savoir pourquoi il n'en reste que la guibole, et par qui elle a été bâtie. Quant au Black Rock , le vaisseau échoué en pleine jungle, il reste à savoir comment il y a atterri, et surtout, ce qu'il transportait.

Flash-dance

Vous aviez aimé les flash-back dans le passé des survivants (et expliquant souvent la faute qui les a amenés à tel purgatoire) ? Vous aviez adoré vous perdre dans les flash-forward expédiant nos héros dans le futur (et montrant que l'île, c'est le sparadrap de Haddock, impossible de s'en détacher) ? Alors vous adorerez ce qui fait le sel de la sixième saison : les flash-sideways . Comprendre : deux récits parallèles. Le premier où l'avion ne s'est jamais crashé ; le second où nos héros continuent de patauger dans l'île.

This is the end

Les créateurs l'ont annoncé hier : le dernier épisode est en boîte. Celui où, enfin, on saura. D'ici là, le téléspectateur en est réduit à phosphorer. Mais à Libération , on la connaît déjà, la fin. Enfin, faut voir. Pour l'un des auteurs de cet article, c'est sûr, ils sont tous morts et l'île figure un purgatoire. Classique. Ou alors, hypothèse geek (et un peu spliff aussi) : en fait… tu vois… ils sont dans un logiciel… ou dans un jeu genre Tron . Oui, oui. Fin plus roborative : nos héros finissent autour d'un barbecue chez Hurley (d'où se dégage une fumée noire, on dit ça, on dit rien). Mais gardons les pieds sur terre et voici la dernière scène de Lost , garantie sur facture. Soudain, l'image se brouille, quelques notes de harpe psyché se font entendre et voilà qu'apparaît, oui, c'est bien lui : Alf. Alf ? Ben oui, Alf, l'extraterrestre mangeur de chats de la série des années 80, s'extirpant d'un long rêve. Namasté.

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