Luc Besson contre les internautes, Free, Google et PriceMinister

Dans une tribune au Monde, le réalisateur et producteur français, Luc Besson, s'en prend au piratage et dénonce la complicité de certains acteurs du net.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 15 février 2009 à 13h17
(mis à jour le 28 novembre 2011 à 14h04)

«Il est un délit maintenant reconnu de tous : celui de visionner des films gratuitement sur son ordinateur via Internet. (...) De grandes entreprises françaises sont impliquées à tous les niveaux de la chaîne de valeurs, et tirent un intérêt financier d'une activité illégale. Elles sont complices d'un délit, donc coupables, et doivent, dans un Etat de droit comme le nôtre, être condamnées et sanctionnées» , lance Luc Besson dans une tribune parue ce week-end dans Le Monde . Dans ce texte, que le producteur et réalisateur a également commenté, hier, dans l' Hebdo Cinéma de Canal+ (ci-dessous) , il revient sur la riposte graduée, la responsabilité des internautes, et surtout dénonce la complicité de certains acteurs du net.

Récemment, on apprenait que Taken , film produit par Europa Corp, et massivement piraté, avait connu aux Etats-Unis un lancement extraordinaire le 30 janvier dernier. A la surprise des studios, non seulement il prenait la tête du box office (24,6 millions de dollars), mais s'offrait le deuxième meilleur score d'ouverture de tous les temps pour un week-end de Super Bowl.

Indirectement, Luc Besson fournit une réponse : «les internautes sont intelligents et finissent par comprendre que ça peut vraiment nuire au cinéma. Les internautes américains l'ont très bien compris, puisque le piratage américain a vraiment énormément baissé» . On ne sait pas d'où sort cette informaton. Par contre, on connait bien le chiffre suivant : «Il y a 500 000 vols de films par jour en France» , issu de la fameuse étude bâclée réalisée en août dernier par l'ALPA, (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle), et dont on attend toujours la «version complète». Donc pour Luc Besson : «on est devant les chinois, on est devant tout le monde» et «voilà une bien mauvaise image pour le pays des droits de l'homme» . Une situation que le producteur espère voir éradiquée alors que le «gouvernement s'apprête enfin à faire voter un dispositif qui permettra de punir les auteurs de ces vols» . La riposte graduée bien évidemment.

Mais surtout, Luc Besson s'attaque de front à Google, Free ou PriceMinister en parlant de «complicité objective» dans l'économie du piratage sur Internet. «Ils savent très bien ces gens-là, ils savent très bien qu'ils mettent de l'argent dans des choses qui ne sont pas légales.» . Il prend ainsi l'exemple du site de streaming (regardable directement dans le navigateur internet) canadien beeMotion qui, propose «des centaines de films qui, parfois, viennent tout juste de sortir en salles» . Selon lui, cela ne pourrait pas être lu par les internautes français s'il n'était pas hébergé par Free. Depuis, Free a expressément demandé à beemotion de fermer sous peine de poursuites (voir actualité) .

Egalement «complices de délit» les régies publicitaires, telles Google ou Allotraffic.fr, qui se font du beurre sur ces sites illégaux. Le producteur va jusqu'à accuser PriceMinister, leader français de l'e-commerce, d'avoir de nombreuses publicités (bannières et pop-up) sur le site canadien. Interrogé par PC Inpact , le président de PriceMinister, Pierre Kosciusko-Morizet, estime que Luc Besson «n'est pas sans savoir, car c'est un homme intelligent, que sur internet, on ne maitrise pas sur quel site on fait de la pub. Et s'il croit qu'on maitrise, c'est qu'il n'a rien compris.» Et d'ajouter : «je pourrais aussi lui dire que parfois ses films, sont diffusés sur des postes dont les possesseurs n'ont pas payé la redevance, et lui dire qu'il est responsable !»

Reste que pour Luc Besson, cette situation de «vol caractérisé» est moins «l'œuvre d'adolescents vaguement rebelle» que «de grandes entreprises françaises» et il demande donc à l'Etat d'appliquer la loi. «Elles sont complices d'un délit, donc coupables, et doivent, dans un Etat de droit comme le nôtre, être condamnées et sanctionnées.»

Sur le même sujet :

_ - Beemotion ferme suite aux attaques de Besson (15/02/2009)

_ - « Taken » : Le piratage inoffensif ?

_ - « Les Ch'tis » et « Dark Knight » : Où est l'impact du piratage ? (18/11/2008)

_ - Le téléchargement illégal de films se porte bien en France (06/08/2008)

_ - Riposte graduée : Un reportage sur une loi forcément juste (12/12/2008)

_ - Fermetures en série pour les sites de streaming vidéo (18/02/2008)

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus