Manifs anti-FN sur Second Life

par Marie Lechner
publié le 11 janvier 2007 à 19h31
(mis à jour le 12 janvier 2007 à 17h58)

Depuis que le Front National a installé un bureau virtuel permanent dans Second life ( lire l'article ), les manifestations et placardages anti-FN se multiplient. La nuit de mercredi à jeudi, des avatars se sont regroupés devant les locaux bardés de flammes tricolores installés dans le centre commercial Porcupine, brandissant des panneaux avec une photo retouchée de Le Pen, affublé d'une petite moustache, et du slogan «Ban the FN out of SL». «La manifestation a duré plusieurs heures, j'étais étonné de voir que les gens se relayaient avec les pancartes, comme pour un piquet de grève dans la vraie vie, se réjouit l'un des instigateurs de cette guérilla, Nicolas Mircovich. Ce matin, le FN avait tout nettoyé, j'ai remis en place des panneaux encore plus grands qui ont tenu quelques heures» . En effet, elles étaient encore là en fin de matinée, tandis qu'un autre avatar en tenue commando lançait des attaques de nuages noirs sur le bureau du FN et menaçait de détruire les locaux.

Nicolas Mircovich a fait ses premiers pas dans Second life il y a une dizaine de jours, lorsqu'il a appris que le FN y avait créé son QG. La première action de son avatar aux allures de Peter Pan fut de créer une bannière avec le slogan suscité. «Une dizaine de personnes m'ont rapidement entouré et ont commencé à me poser des questions sur le FN, sur l'action que je comptais mener et m'ont assuré de leur soutien.» Il donne sa première pancarte (gratuite, copiable et modifiable) à l'avatar d'une jolie danoise. Lorsqu'il se pointe le lendemain devant les locaux virtuels du FN, il est effaré: «quatre, cinq personnes agitaient ma pancarte» , toutes adhérentes d'un mystérieux groupe anti-FN «FN out of SL» qui compte une trentaine de membres.

Aujourd'hui, Nicolas dit être banni à vie des locaux du FN pour avoir planté des bannières géantes un peu partout: «j'ai été banni du bureau intérieur, puis des bâtiments attenants, puis de la rue, même l'autorisation de survol m'est désormais refusée» . Mais la mobilisation se poursuit. Nicolas créé un «son» qui reprend le refrain célèbre des Béruriers noirs: «la jeunesse emmerde le front national» et le distribue. Le refrain est scandé par d'autres avatars devant le stand du FN.

«Lorsque je suis allé au QG du FN la première fois, et que j'ai vu ces quatre mecs en T-shirt FN, discuter le bout de gras avec des mômes de 15 ans, tentant de les embrigader, ça m'a mis la rage, explique Nicolas. S'ils n'avaient aucun succès, j'aurais laissé tombé. Mais ils sont très assidus, même à quatre heures du matin, quand on se promène dans le quartier, il y a toujours un gros bras qui vous demande gentiment si vous avez besoin d'un renseignement sur Jean-Marie. Il faut se méfier du FN, c'était le premier parti de France à avoir un site Internet à l'époque. On voit le chemin parcouru, ils ont toujours eu du nez» . Dans la vraie vie, Nicolas est cristallier de montagne, «toujours entre une paroi instable et une mine effondrée» , il recherche et extrait des cristaux de quartz et d'autres minéraux sur le sommet des Alpes, en Oisans. Il est issu d' «une famille de paysans de là-haut» , et vit à Grenoble. Il n'est pas militant, même s'il a aidé techniquement des militants anti-nanotechnologies avant de se désolidariser du mouvement. «Je ne suis pas du tout un anti high-tech, ni un vrai luddite, mon soucis c'est juste d'informer les gens de ce qui se passe dans les nouveaux mondes.» Il espère que le groupe anti-fn dans Second life grossisse encore, passe de 30 à 300 personnes «pour faire une manif à casser la baraque» .

Pour en savoir plus :

_ Lire notre Dossier sur Second Life

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