Marseille hackée

par Frédérique Roussel
publié le 24 octobre 2007 à 18h45

Intitulées «Hackulturation, culture libre, culture hacker», trois jours de rencontres à Marseille visent à proposer une réflexion sur la culture hacker, «mouvement de pensée et approche politique ayant pour but de défendre la libre diffusion des œuvres de l'esprit, l'appropriation collective et l'approche collaborative de la création» . Organisées par l'association marseillaise Place publique, créée en 1994 par Jacques Serrano, en partenariat avec le Centre international de poésie de Marseille , ces rencontres réunissent du jeudi 25 au samedi 27 octobre des intellectuels français et étrangers autour de questions telles que: qu'est-ce que la culture hacker et comment se propose-t-elle de transformer le mode même d'existence de la culture? Comment les espaces déjà existants de réalisation de la culture peuvent-ils réagir à ce nouveau régime de production et de circulation des valeurs culturelles? Comment les nouvelles technologies et leurs usages vont-elles transformer nos pratiques, comme celles de l'écriture et de la lecture?

Dans une présentation à ces rencontres, le philosophe Patrice Maniglier estime ainsi: (...) «l'utopie hacker et les nouvelles technologies ne peuvent pas ne pas retentir sur les pratiques culturelles contemporaines. D'abord parce qu'elles en changent le mode non seulement de transmission ou de circulation, mais aussi de production. Ensuite, parce que, depuis Socrate qui refusait de recevoir de l'argent en échange de ses leçons de philosophie, c'est-à-dire de vertu, le trafic de la culture a toujours été très problématique pour la culture occidentale. Ce qui instruit ne se vend pas, mais se donne. Enfin, parce qu'elle est au cœur des transformations des formes contemporaines de la propriété, où la propriété intellectuelle prend une place décisive.» Pour Alain Giffard , spécialiste des technologies de l'écrit et Président d' Alphabetville , il s'agit «d'élargir les hypothèses soulevées par le logiciel libre à d'autres catégories d'œuvres» .

Au nombre des intervenants, l'australien Kenneth Mckenzie Wark, professeur en Culture et Media au Lang College à New York et auteur de A Hacker Manifesto (traduit en français par les éditions Critical secret , sur lequel Alain Giffard publie une intéressante critique dans Cahier Critique de Poésie (1).

Hackulturation, culture libre, culture hacker

_ Jeudi 25 octobre à 18h « Attitude, manifeste et éthique hacker » (avec Kenneth Mckenzie Wark, Stephen Wright, Patrice Maniglier.

_ Vendredi 26 octobre à 14h30, «Culture libre, institutions culturelles, économie marchande» (avec Patrice Maniglier, Thierry Crouzet,

Arnaud Esquerre, Paul Mathias.

_ Samedi 27 octobre à 14h30, «La culture libre peut-elle briser la chaîne du livre?» (avec David Giannoni, Patrick Lowie, Aliette Guibert, Alain Giffard).

_ Le samedi est proposé un «Attentat poétique»: les gens sont invités à sortir dans la rue muni d’un livre qui a changé leur regard sur le monde, de le dédicacer et de le laisser sur la voie publique à un inconnu.

Renseignements, réservations : 04 91 90 08 55

(1) N°14, Octobre 2007, Editions Farrago et Centre international de poésie de Marseille.

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