Meetic conquis par Match.com

par Christophe Alix
publié le 1er juin 2011 à 14h57

Ceux qui se lamentent d' un Internet français qui fout le camp en se vendant à l'étranger vont encore pousser un cri. Après PriceMinister racheté par le géant de la distribution japonais Rakuten , voici que le français Meetic, leader européen de la rencontre en ligne, cède aux avances de l'américain Match.com, numéro 1 mondial du secteur et déjà actionnaire de Meetic à hauteur de 27%. «L'Internet en France, c'est la triple peine , explique ironiquement à Libération Marc Simoncini, qui a créé Meetic en 2001. C'est à la fois plus compliqué à développer, un marché bien plus petit, et quand ça réussit, ça part aux Etats-Unis.»

L’OPA de Match.com, amicale, a la bénédiction de Simoncini, qui détient encore 23% du capital et va en céder 16% au groupe IAC du magnat Barry Diller, propriétaire de Match.com. A 15 euros l’action (une prime modeste de 11,6% par rapport au cours de clôture de l’action vendredi à la Bourse de Paris), cela représente un chèque de 55,5 millions d’euros pour ce «serial entrepreneur» du Net français. Mais au final, la valorisation de Meetic (345 millions d’euros) risque d’apparaître bien faible aux petits actionnaires : le prix par action proposé est inférieur de 33% au prix d’introduction en bourse, en 2005.

Mais Simoncini avait-il le choix ? Il y a six mois, il avait renoncé à céder Meetic après avoir approché sans succès de possibles acquéreurs. «Personne n'a fait d'offre sérieuse et Match est finalement apparu comme l'acheteur le plus naturel , poursuit-il. Cette opération va donner naissance à un acteur global leader partout dans le monde. Cela offre de belles perspectives.»

Pour Simoncini, qui conservera 7% des parts et siégera toujours au «board» de Meetic, cette cession intervient au bon moment. Elle lui permettra de se consacrer à ses nouvelles activités (capital-risque avec son fonds Jaïna Capital, création à la rentrée d’une école de l’Internet, et surtout vendre en ligne des lunettes en mode low-cost) et de se désengager d’une activité dont la croissance a très sensiblement ralenti ces dernières années. Meetic peut encore compter sur plus de 870 000 abonnés et affiche de solides bénéfices, mais le temps où cet ancêtre des réseaux sociaux voyait son titre flamber en bourse jusqu’à 32 euros est plus que révolu. Cette revente est très éloignée du jackpot envisagé il y a quelques années.

Paru dans Libération du 31 mai 2011

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