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Libération

MegaUpload: Kim Dotcom (re)fait le malin en musique

par Sophian Fanen
publié le 9 mai 2012 à 16h33

Ça faisait quelque temps qu'on n'avait pas de nouvelles de ce bon vieux Kim «Dotcom» Schmitz, qui attend toujours une décision de la justice néo-zélandaise sur son extradition vers les Etats-Unis (jugement en août) et voit le dossier monté contre MegaUpload flageoler sérieusement.

Comme tout bon entertainer , l'ex-boss du site de téléchargement direct nous fait patienter en musique, en sortant cette semaine ce qui est annoncé comme le second single de son premier album en cours d'enregistrement à Auckland -- le premier single étant la «mémorable» Mega Song , qui avait déclenché une bataille entre le site et Universal Music fin 2011. Il y a quelques semaines, un juge néo-zélandais avait allégé l'assignation à résidence de Kim Dotcom en l'autorisant à se rendre en studio un jour par semaine pour finir son grand œuvre musical.

Le nouveau titre s'appelle Amnesia , et il est toujours produit par Printz Board, qui a créé par mal des succès des Black Eyed Peas mais aussi de Nate Dogg ou Macy Gray. La chanson ne devrait pas rester dans les mémoires sur la forme, même s'il commence par une electro à jour et bien foutue, avant de de transformer en boite à samples sans idées.

C'est finalement le fond qui est surtout intéressant, puisque Kim Dotcom revient en musique sur l'affaire John Banks, ex-maire de la plus grande ville de Nouvelle-Zélande (Auckland, donc), empêtré dans un mégascandale qui pourrait lui coûter sa place de député.

Selon des informations de la chaîne de télévision privée TV3 révélées en avril, Banks aurait reçu deux fois 25000 dollars néozélandais (environ 15000 euros) de donations de la part de l'ex-patron de MegaUpload pour financer sa campagne (perdue) pour un troisième mandat de maire. Jusque là rien d'illégal, même si ces dons font mauvais genre maintenant que Kim Dotcom (qui par ailleurs avait donné 1 million de dollars de Hong Kong après le tremblement de terre de Christchurch en février 2011) est accusé de racket et de conspiration. Tellement mauvais genre que John Banks a préféré cacher ces 50000 dollars et les déclarer comme des dons anonymes. C'est sur ce point que celui qui a depuis été élu député sous les couleurs du parti libéral Act est aujourd'hui visé par l' Electoral Officer , chargé du contrôle des élections. En Nouvelle-Zélande, les candidats aux élections ont pour obligation de fournir les noms de leurs donateurs les plus importants.

Dans sa chanson, Kim Dotcom se moque de la réponse fournie par John Banks face à ces accusations, disant «ne pas [se] souvenir» de cette donation puis ne pas avoir su qu'elle provenait de MegaUpload, et dans tous les cas ne pas connaître ce monsieur et ne jamais s'être rendu à l'une de ses fêtes données dans sa maison posée sur les hauteurs d'Auckland. Des affirmations qui ont été depuis démontées par les médias néo-zélandais.

Le Premier ministre néo-zélandais est également visé dans Amnesia , pour avoir validé les dénégations de John Banks. Un mouvement très critiqué dans la classe politique et dans les médias depuis le début de cette affaire. Même si une procédure doit encore faire le tri sur les vérités et les mensonges, les relations entre Kim Dotcom et John Banks, qui ne s'arrêteraient pas là , pourraient avoir des répercussions politiques directes si ce dernier perd son siège de député. En effet, ceci affaiblirait directement la déjà fragile coalition au pouvoir formée par le National Party (droite libérale) avec des partis minoritaires (dont l'Act et le Maori Party).

À défaut de mettre fin aux échanges de contenus hors-marché sur Internet, la soudaine fermeture de MegaUpload va peut-être avoir la peau du gouvernement néo-zélandais.

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