Miss Gloss S01E07: Vingt euros l’heure romantique, soixante la soirée

Toutes les deux semaines, retrouvez sur Ecrans.fr les maraboudficelles de Miss Gloss.
par Miss Gloss (recueilli par Stéphanie Estournet)
publié le 20 janvier 2011 à 15h39
(mis à jour le 26 mars 2011 à 21h03)

P reviously, on Miss Gloss

C'est derrière vous. Voire même: c'est oublié. Noël, toute cette période que vous redoutiez sans vous l'avouer parce que vous étiez seul et que vous craigniez le craquement des coutures autour de votre petit cœur blessé . Vous avez hésité pour les vœux: passer un coup de fil à votre ex? Lui envoyer un mail? Et quand, finalement, vous avez reçu son «Bonne année à tous» par SMS, vous avez eu une grimace, un haussement d'épaule, et, sans état d'âme, le fameux «supprimer», «oui» - jouissif.

C'est derrière vous , et vous vous dites que vous avez plaisir à retrouver, après vos récents errements , vos habitudes ante-couple. Vous rentrez, le plus souvent seul, et quand le gars de la pizza débarque avec sa dope, vous avez déjà branché votre joystick new old school pour entamer une version endiablée de Pong versus votre PC. Invariablement, vous finissez, des bouts d'olive entre les dents, devant la dernière saison de la dernière série qui a reçu trois Globes.

Hier, parce que vous êtes plein de ressources, vous avez dérogé à votre rituel du soir sans espoir pour aller traîner les bars avec votre copain Nanard. Au boulot, Nanard, qui est l'archétype du beau gosse, classe et chaussures cirées, rafle les regards. Même la stagiaire de 19 ans lui roule des yeux sucrés. Homme d'expérience-s (qu'il accumule de préférence hors les murs du bureau), c'est un collectionneur, le type dont on envisage le porte-cartes Vuitton blindés de Mannix.

Mais ce soir, Nanard est songeur. Il voudrait de l'amour, affirme entre deux bourbon que le sexe n'est rien s'il n'est pas sous-titré de sentiments. Vous envisagez une blague potache. Mais non, Nanard est sérieux. Il vous en parle à vous parce qu'il sait que vous avez été plaqué il y a peu (merci, les nouvelles vont bien, elles). Et le voici qui évoque ce site, Loue une petite amie , qui devrait ouvrir à la fin du mois, pile parfait pour envisager la Saint-Valentin avec sérénité. Le principe, simple: du flirt, de l'amour, pas de sexe. Des dates à l'américaine, tarifés. L'inverse, en somme d'une passe traditionnelle.

Vingt euros l'heure romantique en bonne compagnie, soixante euros la soirée. Ca fait rêver, roucoule Nanard. Ah? Ouais, suçote Nanard, l'œil accroché aux vapeurs de son bourbon. Et d'expliquer: «350000 clics en une vingtaine de jours sur la home» ; «un principe qui vient d'Asie» , «des mails en pagaille de demandes d'infos, de propositions de services des femmes elles-mêmes» . Vous y croyiez moyen, mais Nanard lève la main droite, assurant qu'il tient toutes ses informations d'Alexandre Woog, le créateur du site et de la plateforme E-loue . Et c'est justement parce que l'entrepreneur connaît «très bien la location que tout ce qui concerne Loue une petite amie sera très réglementé» .

Ca sent le fake, grommelez-vous déjà dans le regret d'avoir abandonné votre joystick new old school. Mais Nanard s'emballe. Woog aurait bétonné l'affaire: «Etude de marché sur la gent masculine, castings sauvages - comme un recrutement classique, en étant capable de déterminer des choses qui ne sont pas sur le CV» . Vous secouez la tête. " «Et à ton avis, qu'est-ce qu'il se passe pendant une location d'une nuit, d'un week-end? vous enquérez-vous. On la joue meilleurs copains, genre "y a un contrat, on peut pas faire ça ?"» " Nanard fait la tronche. Le Saint-Estèphe vous pèse, il est temps de rentrer.

Alors que vous remontez une de ces rues où les filles travaillent en petites tenues par -10°C, vous vous interrogez. Combien parmi vos copines, vos collègues filles, trouveraient «normal», voire «cool» de louer un mec pour la soirée? Vous frissonnez. Oui, beaucoup.

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