Mozilla : Google reste moteur

par Sophian Fanen
publié le 21 décembre 2011 à 19h28

Après deux mois de négociations visiblement tendues, Google et la Fondation Mozilla ont renouvelé l'accord triennal qui assure au moteur de recherche une position par défaut dans le navigateur Firefox, et à Mozilla d'empocher une somme qui représente plus de 80% de son budget annuel. «Cet accord est meilleur que le précédent, la vie est belle», a résumé Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, qui refuse pourtant de communiquer un chiffre précis. «C'est un montant qui nous permet de continuer à grandir», dit-il.

Pourtant, cet accord éminemment stratégique était loin d'être acquis cette fois. Comme l'avoue Tristan Nitot, les rapports entre les deux structures «deviennent plus compliqués» . En 2008, lors de la signature du précédent accord, Google venait tout juste de lancer Chrome et Firefox représentait 25,5% d'un marché encore dominé à 68% par Internet Explorer. En 2011, alors qu'IE continue à reculer, Firefox représente 28,6% du marché et Chrome s'est hissé à 20,1%. Une tendance qui s'est encore amplifiée ces dernières semaines, puisque le navigateur de Google a pour la première fois dépassé Firefox sur un mois.

Firefox a donc attaqué cette négociation en position de faiblesse, Google mettant dans la balance la montée de son navigateur maison. En face, Mozilla pouvait menacer de se tourner vers Bing, le moteur de recherche de Microsoft... Mais une alliance entre le symbole du logiciel libre et le géant de l'informatique propriétaire aurait créé de sérieux remous au sein de la communauté Mozilla. L'ordre naturel est donc conservé.

«Les deux parties sont satisfaites du texte signé. Pour Google, Firefox représente une audience énorme et donc des revenus publicitaires importants, détaille Tristan Nitot. Nous avons également pu mettre dans la balance notre fonds de réserve, alimenté pendant les sept dernières années sous accord avec Google. Un fonds qui nous permet de dire "on s'en va" si un accord ne nous intéresse pas.»

Firefox repart donc pour trois ans avec Google comme moteur de recherche par défaut. Amazon, eBay et Bing seront également de la partie, leurs accords respectifs ayant également été renouvelés «et renforcés» .

Cette assise financière consolidée, qui doit dépasser les 94 millions d'euros de revenus générés en 2010 (dons et accords financiers cumulés), devrait permettre à la Fondation Mozilla de mener à bien trois chantiers en 2012. Le premier sera, au premier trimestre, le renouvellement technologique de son navigateur sous Android, pour les smartphones et les tablettes. Puis la finalisation du Apps Project , déjà disponible pour les développeurs. Un store «qui reprend les bons côtés de l'Apple Store, mais sans la position monopolistique et la censure», selon Tristan Nitot. L'objectif est de créer un écosystème d'applications opérables aussi bien sur un PC, une tablette ou un smartphone Android à partir d'un seul achat.

Enfin, Mozilla essaie actuellement de faire avancer Browser ID , une vision «plus souple de l'identité en ligne, en opposition avec les grands noms du genre actuellement, comme Facebook et Twitter» . Les ID de ces derniers remplacent de plus en plus souvent le nom d'utilisateur ou l'adresse email lorsqu'on veut se logger à un service, à l'image du récent basculement de Spotify, qui exige désormais que ses nouveaux membres soient inscrits à Facebook. Un lien commercial direct et subit qui pose de nombreuses questions , notamment sur la protection des données d'utilisation. «Nous voulons opposer à cette logique un ID ouvert, qui respecte les diverses facettes de la vie numérique d'une personne et lui permet donc d'utiliser au choix son vrai nom ou un pseudonyme», conclut Tristan Nitot.

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