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Libération

Musiline, la boîte noire musicale d'Orange

par Catherine Maussion
publié le 21 janvier 2008 à 16h36
(mis à jour le 21 janvier 2008 à 17h59)

Orange se met enfin à la musique. Depuis jeudi dernier, ses abonnés à Internet haut débit, ont accès à Musiline, une sorte de radio musicale. L'accès, gratuit, est financé par la publicité. Le fournisseur d'accès copie Deezer ou encore radio.blog , plutôt que ses concurrents Neuf Cegetel ou encore Alice (aujourd'hui à vendre). Alors que chez Neuf, accoquiné pour cette initiative avec Universal, l'abonné peut télécharger des titres et les transférer sur un balladeur, (et même trois), tout comme chez Alice, mariée pour l'occasion avec EMI, rien de tout cela avec Musiline.

Orange s'est rapproché pour cette initiative de Lagardère Active (RFM, Virgin radio, Virgin 17, ....). Notoriété de ses géniteurs oblige, Musiline n'ouvre pas en grand les vannes de la musique en ligne. Et le contrôle des usagers est particulièrement soigné.

Pour profiter de la webradio, il faut être assis, ou tout comme, devant son écran et le PC branché sur Internet. La musique s'écoute à la volée. On dit encore en streaming. Aucun flux ne peut être téléchargé. Comme cela pas de risque que les contenus se retrouvent sur le web....

Les auteurs de l'initiative disent avoir reçu la bénédiction des éditeurs de musique, les majors comme les indépendants. N'empêche, Orange se refuse à dire combien d'artistes ou encore de titres sont accessibles dans Musiline. Mieux, un titre répertorié un jour, peut disparaître le lendemain.

Le principe de base veut que l'abonné, contrairement à Deezer, ne choisit pas ses morceaux. Sauf lors de sa première requête. S'il entre par exemple, Madonna, Musiline lance l'écoute de into the groove , un tube des années 80. Ensuite, l'auditeur perd la main. Impossible d'écouter un album, ou même simplement de repérer la profondeur du site pour un artiste donné. C'est Musiline qui propose, et l'auditeur qui vote... Tout est basé, explique Christophe Sabot, directeur général de Lagardère interactive FM, sur le « profiling » . « Plus nous en saurons sur vous, dit-il, et plus nous affinerons votre profil. Parce que nous sommes tous formatés à une écoute radiophonique» . L'objet de Musiline est précisément de cibler les goûts musicaux de son auditeur pour lui composer des programmes sur mesure. Et le commerce,de façon logique, n'est pas très loin. «Dès qu'on peut se servir du profil du consommateur, on s'en sert» ajoute Louis-Pierre Wenes, directeur exécutif d'Orange France. L'éditorial de Musiline, très soigné met en avant les artistes, les sorties d'albums, et alimente le site en permanence. Derrière Musiline, il y a déjà le Jukebox d'Orange. On y achète des titres, à 99 centimes l'unité, protégé par des DRM, et accessible seulement sous Windows. C'est un premier espace marchand. Orange promet d'autres développements vers l'Iphone ou la radio WiFi de la Live box. Et dans trois mois, Musiline sortira du pré-carré des abonnés Orange, pour être accessible à tous les internautes.

Orange n'est pas très disert sur les recettes publicitaires qu'il partage avec lagardère. Il dit juste que le profilage pointu de Musiline devrait faire monter le prix de la pub sur le portail d'Orange. L'opérateur télécom n'est pas davantage bavard sur les recettes versées aux auteurs, alors que la discussion avec les ayants-droits n'est pas encore finalisée. «On est en train de bâtir un modèle économique pour construire un avenir pour les artistes» , assure Louis-Pierre Wenes, et «Musiline en est la pierre de base» . Et il jure que «cela n'a rien à voir avec ce qu'on fera demain avec le téléchargement» . Chiche !, vivement demain.

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