Musique en ligne: Steve Jobs sur les verrous

par Erwan Cario
publié le 7 février 2007 à 15h50

Les verrous numériques pour les fichiers musicaux ont vécu. Mis en place à la demande des majors du disque pour protéger les morceaux vendus en ligne, les DRM (Digital Rights Management) semblent en effet avoir fait leur temps et vont avoir du mal à résister au principe de réalité qui leur est opposé aujourd'hui. Mi-janvier, Virgin et la FNAC avaient déjà annoncé la mise à disposition sur leur site de vente en ligne de, respectivement, 200 000 et 150 000 morceaux sans DRM. Mais c'est aujourd'hui le leader de la vente de musique en ligne, Apple via son Itunes Store, qui, par la plume de son PDG Steve Jobs, appelle à l'abandon des verrous. Le texte, publié sur le site d'Apple , est modestement titré «Réflexions sur la musique».

« Pourquoi les quatre grosses majors du disque (Universal, Sony BMG, Warner et EMI, ndlr) seraient-elles d'accord pour laisser Apple et les autres distribuer leur musique sans système de DRM ? » demande-t-il. « Tout simplement parce que les DRM n'ont pas réussi, et ne réussiront jamais, à arrêter le piratage. » Pour illustrer son propos, Steve Jobs analyse les chiffres de vente sur Itunes Store : « Fin 2006, les consommateurs ont acheté, en tout, 90 millions d'Ipods et 2 milliards de chansons sur l'Itunes Store. En moyenne, cela fait 22 chansons pour chaque Ipod vendus. L'Ipod le plus populaire aujourd'hui contient 1000 chansons […]. Ce qui signifie, qu'en moyenne, moins de 3% de la musique stockée est achetée depuis l'Itunes Store et protégée par des DRM. Les 97% restants sont non protégés. » Il rappelle par ailleurs que la musique vendue sur CD, soit 90% du marché, l'est sans protection numérique. « Quel est l'intérêt d'encombrer le petit pourcentage restant avec des DRM ? » Et Steve Jobs de prédire, évidemment, qu'un tel abandon ne pourrait qu'être bénéfique à toute l'industrie.

Pour appuyer sa requête, le PDG d'Apple finit logiquement par en appeler à l'Europe pour faire pression sur les producteurs de musique. Un appel pas vraiment innocent : depuis quelque mois, Apple se retrouve directement mis en cause par plusieurs associations européennes de consommateurs pour les DRM utilisés par Itunes. D'abord dans les pays scandinaves, puis en janvier, en France et en Allemagne. La réponse ne s'est pas faite attendre. Torgeir Waterhouse, du Conseil Norvégien des Consommateurs, refuse de le voir ainsi se défausser : « Apple reste la société qui vend la musique aux consommateurs et doit donc proposer un système respectant la loi norvégienne. » Mais il ajoute, plutôt optimiste : « Si ça signifie qu'Apple veut supprimer le verrou technologique de la combinaison Itunes/Ipod, c'est une très bonne nouvelle. Qui doit être mise en œuvre le plus vite possible. »

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