N+N, une danseuse dans son iPhone

DANSE . Les chorégraphes Nicole et Norbert Corsino signent leur dernière création pour Apple.
par Marie-Christine Vernay
publié le 26 décembre 2009 à 0h00

Ce sont les N+N, de Marseille (pour Nicole et Norbert Corsino), deux amours de chorégraphes qui ont pris les chemins buissonniers. En 1981, ils fondent, comme beaucoup d’autres, une compagnie. Mais, très vite, les voilà démangés par l’envie d’aller voir ailleurs s’ils y sont, tout en conservant leur base, c’est-à-dire la danse et la chorégraphie.

Ils quittent la scène traditionnelle et se mettent à explorer le territoire peu fréquenté du multimédia et du numérique. On ne fait alors guère cas de ces deux explorateurs qui, peu à peu, trouvent des soutiens en France et bien sûr à l’étranger.

Calme. Installations, scénographie en 3D, interactivité du spectateur sur l'image… N+N ne se privent d'aucun support à leur développement poétique, à la construction de paysages mentaux qui mettent en perspective leur propre vision des autoroutes de l'information et de l'image.

Si, dans leurs pièces, ils savent succomber aux charmes des grandes métropoles et de leurs lumières, ils connaissent aussi les recoins où respirer, s’assoupir ou flâner. Pour ce faire, ils ont «cloné» des danseurs. Les vrais sont toujours dans la compagnie comme Stefania Rossetti, Ana Teixido ou Norbert Corsino et ce sont eux qui mènent la danse - une singularité dans un monde où le tout virtuel a de plus en plus tendance à dominer.

Les charmantes interprètes d'N+N possèdent une danse déliée et calme, bien que pleine d'accents toniques, et ne succombent pas aux effets de mode. Les chorégraphes ont trouvé un nouveau support et ils signent une nouvelle création, Soi moi (1), pour iPhone, produite par Danse 34 Productions (Ars)numerica, avec le soutien du Centre national de la cinématographie.

Regrettant d’être répertoriés au rayon «divertissements» et non «art», ils ont mis au point de courtes séquences chorégraphiques où chaque fois leur clone se trouve mise en scène dans un décor ou une situation unique.

Escalier. L'utilisateur peut accéder à l'application moyennant 7,50 euros, ce qui lui garantit toute liberté pour intervenir sur le décor et le temps. Seule la chorégraphie est immuable dans ses propres variations. On entre en intimité avec le clone pour des jeux particuliers. Si l'on secoue son iPhone, la neige se met à tomber. Si l'on souffle dans le micro, le brouillard s'estompe et la danseuse paraît. Si l'on retourne l'engin, on peut inverser le sens d'une marche ou d'un escalier. On peut aussi changer complètement le cadre. Il suffit de prendre une photo et de la substituer à l'original, pour que la danseuse se retrouve chez vous, dans votre rue ou sur le portrait de vos amis. Très chic et tout aussi tendre.

(1) Diffusé sur Apple Store.

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