Critique

«Neuilly sa mère !», un Groseille chez Sarko

Cinéma. La comédie sociale écrite et produite par Djamel Bensalah est sortie hier dans les salles.
par Marwan Chahine
publié le 13 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 13 août 2009 à 6h52)

Neuilly sa mère n'est pas un film politique, plutôt une comédie sur fond social avec des allusions à la vie politique. C'est un remake à la sauce XXIe siècle de La vie est un long fleuve tranquille, où le choc des cultures est l'occasion de gags à répétition. Pour Djamel Bensalah, à l'origine du projet, l'idée était de «désenclaver les territoires». Mission réussie à première vue, puisque l'avant-première du film a convaincu autant le public de Thiais (Val-de-Marne) que le maire (divers droite) de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin. Contacté hier par Libération, ce dernier, anxieux avant la projection, se réjouissait que «la caricature ne soit jamais méchante et que la réconciliation triomphe de la différence».

Le film raconte l’exil de Sami, 14 ans, contraint de quitter sa cité de Chalon-sur-Saône - non loin du lieu de naissance de Rachida Dati - pour Neuilly, où il est placé chez sa tante mariée à un PDG aristo. Et qui dit Neuilly dit indubitablement Sarkozy.

Footing. Le cousin de Sami, Charles, n'a qu'un but dans la vie : devenir président de la République. Un cousin fana de footing avec les Ray-Ban vissées sur la tête. La chambre de Charles est un autel à la droite française, où le poster de Jacques Chirac côtoie celui des Sarkozy père et fils. Devant Sami qui souhaite remplacer les idoles présidentielles par un poster de l'actrice Charlize Theron, Charles éructe : «Quoi, t'es un gauchiste ? Ma chambre, tu l'aimes ou tu la quittes !»

De la «racaille» au «Kärcher», tout y passe. La blague politique atteint son acmé lorsque Charles désespère de devenir un jour délégué de classe : «Je suis un loser, je suis Balladur !» Dans le prestigieux collège Saint-Ex où Sami est affecté, la proviseure (Josiane Balasko) a pour devise «Travailler plus pour réussir plus». Les arrogants caïds du collège ont comme un air de ressemblance, capillaire du moins, avec Jean Sarkozy. Parfois, les références sont gratuites mais non moins drôles, ainsi lorsqu'un automobiliste énervé lâche un «casse toi pauv'con !»

Bobo. La gauche n'est pas oubliée avec la sœur aînée de Charles, Caroline, qui dans sa capacité d'indignation n'est pas sans rappeler une certaine Ségolène Royal. En rupture avec son milieu, cette parfaite bobo collectionne les petits amis sans papiers. L'une de ses idylles avec le jardinier chinois donne l'occasion d'une réplique piquante : quand Charles affirme que les Chinois passés par l'Algérie sont de dangereux criminels, Caroline lui demande s'il a lu ça dans Le Pen Hebdo. Et le frangin, fier de son effet, de lui répondre : «Non, dans Libé !» Seule déception pour Djamel Bensalah, le film n'est pas sorti hier à Neuilly pour sa première nationale.

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