Nintendo : l’U et approuvée ?

par Olivier Seguret
publié le 27 novembre 2012 à 11h31

A la fin de cette semaine, la France et l’Europe verront débarquer la Wii U, nouvelle console de salon de Nintendo. Pour la maison Mario, c’est un saut nécessaire mais périlleux vers l’avenir. Pour le reste de l’industrie, c’est le gong de départ d’un nouveau cycle : d’ici un an, un paysage tout neuf devrait en effet apparaître. Si les constructeurs Microsoft et Sony confirment leurs intentions officieuses, ils présenteront autour de Noël 2013 leurs nouvelles consoles, aux identités pour l’instant codées en Durango et Orbis. D’ici là, au printemps prochain, la console «ouverte» et participative Ouya viendra elle aussi tenter sa chance et pourrait bien perturber les modèles établis du marché.

Ce marché a terriblement évolué depuis le lancement, en 2006, de la Wii, à laquelle la U succède, et dont elle aimerait rééditer le succès. Avec près de 100 millions d'exemplaires, la Wii reste la championne de l'actuelle génération de consoles, malgré une perte de vitesse ces dernières années. Aujourd'hui, tout a changé : à l'heure des jeux Zynga sur les réseaux sociaux, des applis pas cher sur smartphones et du succès milliardaire d'un Angry Birds , on comprend qu'il sera difficile pour Nintendo et son écosystème ultraprotégé de reproduire un tel exploit.

Le constructeur nippon a parfaitement conscience de ces nouveaux enjeux et en a donné la preuve en annonçant que la Wii U serait vendue à prix coûtant, ce qui n'a jamais été dans les habitudes de la maison. Bien sûr, Nintendo continuera de facturer au prix fort ses marques inestimables : Mario, Zelda, Metroid, Pokémon

La très grande faveur rencontrée par la Wii reposait sur deux piliers : d’une part une rupture radicale dans les habitudes de jeu avec l’introduction de la reconnaissance de mouvements ; d’autre part un élargissement considérable du public gamer, grâce à des titres qui ont moissonné une demande de casual gaming jusque-là sous-estimée. La Wii U apporte elle aussi sa proposition disruptive : une écran-manette qui vient s’adjoindre aux traditionnelles wiimotes et qui porte un vrai potentiel de nouvelles pratiques et écritures, selon l’audace avec laquelle les développeurs relèveront son défi. Contrairement à ce que l’on a souvent reproché à son aînée, la Wii U semble vouloir attacher le plus grand nombre de studios tiers à son catalogue. C’est d’eux aussi, cette fois, que dépendra l’attraction démographique dont la Wii U sera capable. Et c’est sur le talent, l’imagination des développeurs que repose son destin.

Paru dans Libération du 26 novembre 2012

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