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Libération

«Noire Finance», Bourses poursuite

par Christophe Alix
publié le 2 octobre 2012 à 17h46
(mis à jour le 2 octobre 2012 à 17h47)

Les plongées dans le monde opaque de la finance ont l'audimat en poupe. Début septembre, un documentaire sur Goldman Sachs, la banque la plus emblématique de ces dérives, a battu le record d'audience des Thema d'Arte. Le film en deux parties diffusé ce soir mériterait, lui aussi, d'être vu par le plus grand nombre. Au terme d'une magistrale enquête sur le pouvoir et les excès -- un euphémisme -- de la finance depuis les années 30, on se sent moins démuni face à des questions dont la complexité sert trop souvent d'alibi pour les réserver aux experts. Avec des témoins éclairants (les banquiers Jean Peyrelevade et Guillaume Hannezo, les économistes Michel Aglietta et Paul Jorion), ce récit dense livre de précieuses clés pour saisir la folie d'un système que même la crise ne parvient pas à ébranler.

Autant être prévenu, mieux vaut être reposé et avoir les idées claires pour affronter l’avalanche de concepts, chiffres et dates qui défilent tout au long de cet intense décryptage chronologique d’un système financier dont l’activité peut se résumer à la création de richesse en s’endettant.

Sur fond de travelling nocturne et menaçant sur la skyline de Wall Street, le film s'ouvre par une question de bon sens : «Pourquoi faut-il donner de l'argent public aux banques privées pour leur éviter de faire faillite et réduire les salaires, supprimer les emplois ?»

Extrait du premier épisode

Une question sans aucune limite de prix, on s’en rend vite compte, dans laquelle le film se débat sans éluder l’origine de cette finance devenue folle : une cupidité sans fin qui amène à toujours plus de crédit et de dette et, par voie de conséquence, à des montages de plus en plus sophistiqués pour générer toujours plus d’argent à partir de rien.

Vertigineux, le récit de ces quatre-vingts ans de machinerie financière à base d’effets de levier, de produits dérivés et autres «hedge funds» régnant en maîtres sur l’économie suscite un grand malaise. Comme si rien n’avait changé depuis les années 30 : ce sont les mêmes qui s’enrichissent et privatisent les profits quand tout va bien et les autres qui paient l’addition quand tout va mal. Une immunité que résume bien ce chiffre balancé en conclusion : les «banksters» de la finance ont totalisé ces dernières années 95 milliards de dollars de salaires alors qu’ils ont accumulé 1000 milliards de pertes. Stop ou encore ?

Paru dans Libération du 2 octobre 2012

Noire Finance (1 & 2) de Fabrizio Calvi et Jean-Michel Meurice

_ Arte, ce soir, 20 h 50 et 21 h 50.

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