Nolife : Insert coin

Pour survivre, la chaîne des geeks et des otakus envisage de passer au modèle payant.
par Erwan Cario
publié le 2 juillet 2009 à 18h51
(mis à jour le 2 juillet 2009 à 18h51)

«Bonsoir, je suis Sébastien, patron de Nolife, et j'ai quelque chose à vous demander.» La vidéo est diffusée en ce moment sur la chaîne et sur la page d'accueil du site . Nolife, la chaîne de télé des geeks et des otakus, va mal. Lancée mi-2007, d'abord pour les abonnés de Free, puis sur la quasi-totalité des opérateurs ADSL, elle vient tout juste de fêter ses deux ans. Pas sûr qu'elle puisse aller plus loin. Tout ça à cause d'une audience, pourtant très correcte, complètement ignorée par les agences publicitaires. En effet, le dispositif Médiacabsat de Médiamétrie ne mesure que les audiences des chaînes du câble et du satellite, et les publicitaires ne regardent que ces chiffres. «On doit être un peu trop pionnier, sourit Sébastien Ruchet. Même si on a le budget d'un magazine papier, on ne peut pas continuer sans rentrée d'argent.» Seule alternative : passer payant. Ou disparaître.

Dès le début, l'équipe de Nolife sait qu'il faut être présent sur le câble et le satellite. Des contacts sont pris, mais le plus important est de réussir à construire cette chaîne unique qu'est Nolife, ce mix entre culture japonaise, jeux vidéo et geekeries en tous genres. Et elle réussit très vite son pari, le côté un peu bricolé de certains programmes étant même revendiqué comme une preuve d'authenticité. Sébastien n'en revient presque pas : «On a proposé une alternative à la télé habituelle. Deux ans de chaîne comme ça, c'est énorme, c'est vraiment un miracle.» Effectivement, c'est est un, et l'ange gardien se nomme Ankama. La société de Roubaix, à l'origine du jeu en ligne Dofus, a permis à la chaîne de tenir un an de plus. Sébastien Ruchet explique : «Ankama Paye les facture depuis mars 2008. Mais il ne faut pas que ça devienne du mécénat. Ils ne sont pas là pour ça. C'est super agréable d'avoir un partenaire comme ça qui nous a aidé. Ce n'est pas une œuvre caritative. Ils voulaient nous aider à réussir.» A l'occasion de l'arrivée d'Ankama, Nolife s'était d'ailleurs amusée à enregistrer une fausse soirée d'adieux avant d'annoncer la bonne nouvelle aux téléspectateurs affolés. Prémonitoire ?

Le câble et le satellite donc. Le couperet est tombé lundi. C'est non. «Ca fait des années qu'on essaie, se souvient Sébastien Ruchet. En interne chez eux, c'est compliqué. Les places sont rares et chères. On a essayé de proposer un beau projet en HD, mais ce n'est pas passé.» L'équipe avait déjà réfléchi à ce qui était possible en cas de refus. Et il n'y a pas des centaines de solutions. Il faut de l'argent et la pub ne rentre pas. Se lancer à l'aveugle dans une formule payante sans savoir si les spectateurs suivront est un peu aléatoire. Pas vraiment un problème. En deux ans, la chaîne a réussi à créer une vraie communauté. Un sondage est donc mis en place sur le site : «Il nous reste l'hypothèse de la chaîne payante pour survivre, mais c'est à vous de nous dire si vous seriez prêt à nous soutenir dans cette voie.» Pour l'instant, les tarifs proposés sont de trois ou cinq euros par mois.

Un forum a été ouvert pour l'occasion. Il vient de dépasser les 200 pages de commentaires. La plupart des intervenants y expliquent pourquoi ils sont prêts à payer. Et même plus cher encore. «Ce n'est pas le Téléthon de Nolife, tempère Ruchet. Ce n'est pas une grande cause, en fait. Nous voulons juste trouver un modèle économique viable. Si ça marche, on a des envies, on veut continuer à faire une super chaîne. Mais il faut se décider avant les vacances.» En fonction du nombre de réponses positives, ils prendront donc la décision de continuer ou non.

En ce moment, toute l'équipe de Nolife est présente à la Japan Expo , au parc des expositions de Villepinte. Comme en 2008, le stand va être assailli par une armée de téléspectateurs très enthousiastes. Espérons juste que ce ne soit pas pour la dernière fois.

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