Nosdeputes.fr libère l'Assemblée sortante

par Camille Gévaudan
publié le 22 mai 2012 à 18h22

On ne peut tout de même pas renouveler nos députés sans jeter un œil à leur bulletin de notes ! Heureusement, il reste une trace de leur travail parlementaire. Toutes leurs présences à l'Assemblée nationale ont été pointées, leurs prises de parole ont été chronométrées, leurs propositions de loi comptées, leurs signatures recensées.

C'est tout un mandat parlementaire, courant de 2007 à aujourd'hui, qui a ainsi été surveillé par une équipe d'internautes consciencieux, convaincus que la transparence est indispensable au bon fonctionnement de la démocratie. Regroupés au sein de l'association Regards citoyens , ils ont lancé en 2009 le site Nosdeputes.fr afin de «donner aux citoyens de nouveaux outils pour comprendre et analyser le travail de leurs représentants» . Et ils sont fiers de pouvoir présenter, à trois semaines des élections législatives, un bilan complet de la treizième législature de la Ve République française.

Toutes les données collectées par ces huit défenseurs de l'open data sont regroupées, député par député, dans un grand tableau synthétique. «Afin de permettre des comparaisons pertinentes entre tous les députés, la synthèse d'activité générale présente désormais pour chaque critère (semaines de présence, interventions, amendements, questions, rapports, …) une valeur moyenne mensuelle calculée à partir de la durée exacte du ou des mandats de chaque député, vacances parlementaires exclues» , explique Regards citoyens sur son blog . Les notes les moins glorieuses sont écrites en rouge, tandis que les activités les plus intenses sont en vert.

On peut établir facilement des podiums des députés les plus actifs dans telle ou telle forme de participation en cliquant sur les en-têtes de colonnes. C'est Marc Laffineur (UMP) qui est le plus bavard, avec 4956 interventions longues (plus de 20 mots) et 18557 interventions courtes. Sylvia Bassot, députée UMP de l'Orne, remporte la palme de l'absentéisme en commission avec trois présences relevées sur 49 mois de mandat. Quant à l'as des questions orales posées au gouvernement, il «devra pour sa part bientôt formuler les réponses puisqu'il s'installe tout juste à Matignon» : il s'agit de Jean-Marc Ayrault, qui était alors président du groupe socialiste de l'Assemblée. De manière générale, Regards citoyens note qu' «un député sur six seulement déserte apparemment les séances» , et qu' «une grande assiduité parlementaire rime le plus souvent avec faible visibilité médiatique.»

Un graphique récapitule également l'activité de chaque groupe parlementaire sur les différents critères surveillés. On y constate que le Front de gauche (communistes, Parti de gauche et rattachés) occupe proportionnellement plus de temps de parole que de sièges, que le Parti socialiste est champion du nombre d'amendements déposés, mais que le groupe UMP a déposé 75% de tous les projets et propositions de loi.

Les chiffres eux-mêmes sont téléchargeables dans trois formats dits «ouverts» (CSV, JSON et XML), compatibles avec tous les systèmes d'exploitation et tous les logiciels existant aujourd'hui, pour garantir une réutilisation facile à tous les citoyens intéressés. C'est la mission première de Regards citoyens : faire de l'open data politique, c'est-à-dire «proposer un accès simplifié au fonctionnement de nos institutions démocratiques à partir des informations publiques.»

Extrait de la synthèse au format XML, facilement réutilisable dans tous les logiciels

Les députés peuvent ainsi exploiter le bilan de leur propre travail ; les journalistes peuvent s'appuyer sur ces données brutes pour construire une analyse politique... «Enrichies d'informations comme les dates et lieux de naissance, la profession ou le nombre de mandats en cours, ces données offrent ainsi à quiconque la possibilité de mener ses propres analyses et visualisations, par exemple sur le cumul des mandats.»

Regards citoyens a d'ailleurs veillé à faciliter l'export des données dans une forme un peu plus agréable à l'œil que les tableaux de chiffres. Dans la nouvelle version de Nosdeputes.fr, lancée hier, on peut générer des fiches illustrées pour n'importe quel député, simplement en tapant son nom dans un champ de recherche.

Le petit encadré ainsi produit peut être intégré dans un blog ou un site Internet en deux coups de cuillère à clic.

Tadam !

Regards citoyens planche désormais, en collaboration avec le projet OpenStreetMap, sur une carte des circonscriptions électorales qui soit à la fois gratuite, précise, à jour, et bien sûr sous licence libre, pour que tout-un-chacun puisse en faire ce que bon lui semble à la seule condition de citer sa source. Car, aussi incroyable que cela puisse paraître, une telle carte n'existe pas encore...

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