Nowatch, des geeks sur canapé

par Geoffroy Husson
publié le 9 avril 2010 à 17h46
(mis à jour le 9 avril 2010 à 20h09)

Au commencement, il y eut deux podcasts vidéo. Tous deux basés sur des sujets collant à la culture geek : Scuds et Geek Inc. Rapidement, une troisième émission, Zapcast, se voulant un dénicheur de podcasts tierces dénichés sur le net, s'agrège aux deux autres. Le tout formera le consortium Nowatch.tv .

« C'est sûr que parmi nos références en terme de podcast il y a Revision3 . Film Riot, The Totally Rad Show ou Diggnation par exemple, on est des grands fans » . Diggnation, le nom est laché, la filiation est assumée par Jérome Keinborg, animateur de trois podcasts Nowatch et à l'origine du projet. Le lien est évident tant la mise en scène est inspirée de ce podcast américain animé par Alex Albrecht et Kevin Rose, le fondateur du site Digg. Dans la forme comme dans le fond, on est bien loin des formats de la télé grand public. Pour le fond, on parle de comics, de mangas, de smartphones, de séries ou de cinéma de genre. Pour la forme, on a donc une bande de potes assis dans des canapés, vissés à leur notebook posé sur les genoux, buvant rhum ou bière tout en déversant des insanités sur Mimie Mathy ou les poneys, mais pas en même temps.

L'aspect restreint et spécialisé de leur public est totalement assumé puisqu'ils le considèrent comme étant plus fidèle et actif que celui des grandes chaînes. Il faut dire qu'avec compte Twitter et page Facebook , l'équipe sait utiliser les réseaux sociaux pour faire parler d'eux et communiquer avec leur audience : « C'est l'un des avantages du podcast, on est en réaction directe avec les gens qui nous écoutent, nous conseillent, nous donnent leurs avis » .

Régulièrement, de nouveaux concepts font leur apparition sur leur portail, essentiellement via la rubrique Ze Lab, destinée à pousser et à donner de l'écho à des podcasts existants mais encore perfectionnables. Le dernier en date, le Lionel App Show s'inspire du cousin américain App Judgment et se cantonne à la critique d'applications mobiles. Là encore, un secteur très spécialisé. A l'heure actuelle, le portail Nowatch.tv regroupe, entre les podcasts définitifs et la pépinière Ze Lab, sept émissions régulières. A terme, d'autres émissions, sur des thèmes plus diversifiés pourraient bien faire leur apparition, mais dans un premier temps, seuls les projets geeko-centrés seront admis. Des podcasts sur le tricot ou la cuisine ? « Le problème c'est qu'aujourd'hui, le podcast reste un loisir de geek. C'est donc difficile de toucher un public plus large avec d'autres sujets puisqu'ils ne sauront pas forcément où les chercher et comment y accéder » . Et la procédure pour intégrer Nowatch ? « C'est aux gens de nous contacter, on est 8 à prendre les décisions. Il faut savoir qu'on n'a pas vocation à accueillir tous les podcasts francophones, on ne prendra de toute façon que des gens motivés et passionnés par l'aventure » .

Depuis quelques mois, une page Nowatch.fm a également vu le jour. Encore peu élaboré, le portail est en construction et devrait agréger, à la façon de son équivalent vidéo, une sorte de « must hear » des podcasts audio. Là également, l'idée serait de réunir des podcasts audio spécialisés, mais variés. Pour l'instant, les domaines couverts restent cantonnés à la high tech, aux séries télés ou aux meuporgs, mais là aussi on pourrait avoir des thèmes plus larges à moyen ou long terme.

Podcast Geek Inc.

La gratuité n'évite pas la diffusion via les réseaux torrents. Une pratique que Jérome Keinborg, gérant de Nowatch.tv, déplore : « Le problème ce n'est pas la perte d'argent, mais la perte du suivi des vidéos et de leur audience » . Il faut dire que pour les podcasts comme partout sur le net, l'audience est la meilleure façon de donner une valeur à ses contenus. Une audience large en l'occurrence puisque chaque épisode d'un podcast labellisé Nowatch est en moyenne regardé par entre 4000 et 25000 personnes. Et si on ajoute les audiences respectives de chaque émission, on arrive à 100000 visionnages.

A moyen terme, l'un des points à régler sera donc celui du modèle économique. Encore tous amateurs, les 28 membres impliqués dans le projet Nowatch le font sur leurs heures de loisirs. Parce que le temps c'est de l'argent, et qu'à raison d'un numéro par semaine pour Geek Inc., par exemple, entre tournage et montage, sans compter les frais d'hébergement des vidéos et les coûts de bande passante, ça finit par coûter cher. A titre d'exemple, un numéro d'un podcast vidéo met entre une et cinq semaines entre sa préparation et sa diffusion. La voie privilégiée pour l'instant serait celle de la pub, qui pourrait bien prendre différentes formes. Elle pourrait aller, au sein même des podcasts, jusqu'à un système de sponsoring présenté par les animateurs, mais indiqué comme tel. Leur récente arrivée sur Dailymotion permet de toucher un public pas toujours familier avec le concept de podcast. Nowatch explore également d'autres pistes, comme la vente de goodies par la boutique en ligne ou les conseils ou productions de podcasts institutionnels à destination des annonceurs via sa partie NWTV Prod. Même si le modèle économique est encore en rodage, une seule chose est certaine, la voie payante est bannie : « Aujourd'hui on parle avec une certaine liberté de ton, mais en faisant payer ou en lançant des appels aux dons, on risque de se sentir contraint par notre public » . Se méfier des spectateurs plus que des annonceurs ? Peut-être un peu naïf.

A long terme, Nowatch ne compte pas se limiter aux podcasts, l’idée globale étant de faire de la production à part entière mais pour le média web. Ils envisagent ainsi de produire des webseries ou des webfilms. Là encore, le problème essentiel reste d'ordre économique. Nowatch a des idées plein la tête, pas encore toutes concrétisées mais nul doute que le projet est à surveiller de très près. Dans les prochaines semaines, un vrai portail devrait apparaître pour Nowatch.net et Nowatch.fm ainsi qu’une seconde version de Nowatch.tv.

Sinon, vous pouvez aussi prêter une oreille aux podcasts d'Ecrans.fr . Ils sont bien. Aussi …

Liens :

Portail global : Nowatch.net

_ Podcasts vidéo : Nowatch.tv

_ Podcast audio : Nowatch.fm

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