Oh, les beaux labos d'Hadopi

par François Arias
publié le 6 octobre 2010 à 18h03

Après un report lié au lancement du projet Ciné-Lycée , qu'Éric Walter et Marie-Françoise Marais n'ont pas eu le droit de sécher, c'est donc hier après midi qu'a été présentée en conférence de presse la «phase trois» de l'Hadopi. Après le vote de la loi et sa mise en application, voici venu le temps des «Labs». Que nous préparent donc les Minus et Cortex de la Haute autorité ?

La question de la riposte graduée et du (non) envoi des mails par Free a été très rapidement évacuée, la Haute Autorité considérant que messages envoyés ou pas, la procédure suit son cours. Si Free n'envoie donc pas les mails, le courrier recommandé sera le premier avertissement que les freenautes recevront.

La présidente de la Haute Autorité Marie-Françoise Marais ajoute tout de même que «le dialogue n'est pas rompu» entre Free et la Hadopi.

Concernant la Haute autorité elle-même, sa construction juridique serait quasiment terminée (les derniers décrets devant être publiés très bientôt selon Éric Walter) tandis que 60% du personnel prévu a déjà été embauché.

Le passage à la troisième phase de la mise en place d'Hadopi a été l'occasion de présenter trois projets. Le premier est déjà connu, c'est le portail recensant les offres légales. Le site fera l’objet d’une assistance à maîtrise d’ouvrage. En (très) gros quelqu’un sera embauché pour définir le cahier des charges de l’appel d’offre de réalisation du site.

Le second projet dévoilé était inédit. Il s'agit d'un «dispositif d'accompagnement des usagers dans leur sécurisation du réseau local» (oui, c'est long). Comme l'intitulé le laisse à penser, ce site qui devrait prodiguer des conseils aux internautes lambda pour les aider à sécuriser leur réseau local. Les conseils proposés devraient néanmoins couvrir un spectre plus large que la simple sécurisation de la connexion. Les appels d'offres seront bientôt lancés, et les deux sites devraient voir le jour dans «six a huit mois» .

Restait à attaquer le gros morceau du jour : les cinq Labs liés aux différents services de l'Hadopi. La direction des systèmes d'information aura par exemple droit au Lab «Réseaux & Techniques», tandis que le Bureau du Collège sera doté du Lab «philosophique» «Internet et sociétés». Les trois autres Labs sont «Économie numérique de la création», «Usages en ligne» et «Propriété intellectuelle et Internet.»

Sur le papier, leur mission est plutôt louable : il s’agit d’aider le Collège à prendre des décisions en lui fournissant des synthèses indépendantes sur différents sujets. En clair, lui donner les informations dont il a besoin. Les mauvaises langues diront qu’il aurait peut-être fallu se documenter avant de commencer à envoyer des mails d’avertissement, mais ce n’est pas le genre de la maison.

« Cycle de co-construction d'une analyse Lab »

Les Labs se veulent un exemple d’organisation collaborative et ouverte. Dans les faits, chaque Lab est un wiki grandeur nature chapeauté par un «expert pilote» indépendant (mais recruté et payé par la Haute Autorité). À ce responsable s’ajoutent des membres rédacteurs qui seront proposés par leurs pairs (mais qui devront être confirmés par le Collège Hadopi), des membres contributeurs qui pourront commenter le travail du Labs (mais qui devront le faire en leur nom propre, pas d'anonymat possible). Pour finir, les internautes pourront proposer contributions et ressources dont la prise en compte se fera au bon vouloir des Labs.

Le concept sera testé pendant un an puis évalué pour être renouvelé (ou pas, le budget personnel s’élevant tout de même à 900000 euros).

La conférence de presse s'est conclue par une séance de questions qui n'a pas été très fructueuse, Éric Walter et Marie-Françoise Marais se refusant a répondre aux questions non liées aux Labs.

La question du DPI ( Deep Packet Inspection , soit inspection des paquets de données transitant sur le réseau) a toutefois été évoquée. Éric Walter a exclu son arrivée sur les infrastructures centrales tout en laissant la porte ouverte pour une mise en place décentralisée (sur les box, par exemple).

Avec les Labs, Hadopi se dote d'une structure qui pourrait être intéressante pour peu que différents points de vue puissent s'exprimer. Néanmoins, l'idée risque d'être gâchée par la mise en place de la riposte graduée. Il est en effet difficile de faire de la pédagogie comme se targue de le faire la Haute Autorité alors que les mails d'avertissement commencent à partir ( le premier gagnant est identifié ).

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus