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Libération

Open bar à la BBC pour la bio du web

par Marie Lechner
publié le 1er février 2010 à 9h59

A l'occasion des 20 ans du World Wide Web, BBC Two diffuse, ce samedi, le premier volet d'un documentaire en quatre parties sur l'histoire du Web. La «vieille dame» s'est offert un lifting 2.0 en expérimentant une nouvelle forme de documentaire «ouvert et collaboratif» sur la manière dont le Net change nos vies. Tout au long de la production de Digital Revolution (titre de travail) démarrée le 10 juillet dernier, les internautes ont été invités à participer à son élaboration, puisque «le Web, c'est les gens, des gens connectés par des ordinateurs» , comme le souligne Jay Rosen, spécialiste du journalisme citoyen. «Il serait idiot de faire un documentaire sur le Web sans impliquer ceux que le Times a désigné personnalité de l'année 2006 soit "YOU"» , explique la BBC.

L'équipe a souhaité ouvrir le processus de production «autant que possible» , communiquant tous azimuts avec les internautes via un blog et tout l'attirail à disposition ( Twitter , Delicious , Flickr , YouTube ). Et ce à toutes les étapes de la fabrication. Simple manœuvre marketing pour capter une audience, ou réelle prise en compte des contributions ? «Il est faux de penser qu'un documentaire participatif peut se dispenser d'une vision d'auteur , tempère Dan Gluckman, l'un des producteurs. Notre ambition n'a jamais été d'intégrer plein d'extraits filmés par une foule de gens ou d'écrire le script à de multiples mains. Nous sommes "open source" en ce sens que nous donnons accès à nos sources : nos débats sur les thèmes du programme, nos recherches en ligne, nos rushs. Il est possible d'impliquer une audience de multiples façons. Et d'après mon expérience, les gens préfèrent participer dans un cadre déterminé plutôt que d'être face à une page blanche.»

Lors de la préproduction, les internautes ont ainsi pu envoyer leurs liens, images, commentaires, suggestions et histoires censées nourrir la réflexion. Ils ont été invités à débattre avec des personnalités du Web ( «la blogosphère est-elle morte ?» «Wikipédia est-il élitiste ?» «Google rend-il stupide ?» ), à soumettre des questions aux stars de la Toile.

Les rushs tournés par les reporters de la BBC étaient mis à disposition au fur et à mesure, extraits bruts des interviews. Le casting est prestigieux mais attendu : Chris Anderson du magazine Wired , Steve Wozniak, cofondateur d'Apple, Tim Berners Lee, le père du Web, mais aussi Daniel Schmitt, de Wikileaks, un site qui publie des documents confidentiels, ou la sociologue Danah Boyd, l'une des rares femmes.

Ces rushs pouvaient être commentés, téléchargés, partagés, remixés, selon une licence inspirée des Creative Commons.

«Les internautes pourront monter leur version du documentaire, raconter avec ces images leur propre vision de cette révolution digitale» , écrit Dan Biddle, chargé d'animer le blog. Ils étaient invités à exprimer leur créativité lors d'une compétition de courts métrages et de bandes-annonces, ainsi qu'au «namestorm» sur le titre final du documentaire qui aboutira à ce tristement banal The Virtual Revolution.

Outre le documentaire linéaire classique destiné à l'antenne de la BBC, le projet devrait être également décliné sous une forme interactive. Le premier chapitre sur les racines contre-culturelles du Web est diffusé ce samedi soir à 20 heures sur BBC Two et sera exceptionnellement disponible dans le monde entier sur iplayer .

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