Orange amer après l’arrivée de Free

par Christophe Alix
publié le 24 février 2012 à 13h19

C’est le premier opérateur à dresser un état de son parc d’abonnés un mois et demi après le passage du tsunami Free dans la téléphonie. Et cela ne laisse entrevoir rien de très reluisant pour l’ex-triumvirat du mobile (France Télécom, SFR et Bouygues Telecom). Lors de la présentation de ses résultats hier, France Télécom a reconnu avoir perdu 201 000 abonnés au 15 février par rapport à la fin décembre. Soit 0,7% du parc mobile de sa marque Orange, le premier de France qui comptait plus de 27 millions d’abonnés fin 2011.

Ce bilan est d'autant plus préoccupant qu'il ne concerne qu'une courte période. France Télécom a donc cherché à relativiser l'effet Free en mettant en avant sa bonne résistance. Son PDG, Stéphane Richard, a fait valoir que si on enregistrait bien «15% à 20% de plus de résiliations de contrat que l'année dernière à la même époque» , Orange avait, dans le même temps, conquis 837000 nouveaux clients. Un chiffre «supérieur» à celui de début 2011. «Nos offres, en particulier Sosh, ont été suffisamment attractives pour pouvoir recruter» , a-t-il poursuivi.

«De plus, seuls 40% des abonnés qui ont quitté Orange sont partis chez Free, ce qui démontre une activité normale de changements entre opérateurs» , a souligné Delphine Ernotte, directrice d'Orange France. Et parmi ces cas d'abonnés partis chez Free Mobile, «75% étaient des freenautes» , c'est-à-dire des clients internet chez Free, a-t-elle ajouté.

Autre motif de satisfaction, Orange constate que le nombre de demandes de RIO - le relevé d'identité opérateur qui permet d'utiliser la portabilité du numéro de téléphone en vue d'un changement d'opérateur -- avait «été divisé par dix» , après avoir dépassé les 150000 en une journée, dans les quarante-huit heures suivant l'arrivée de Free. «Ce qui est un peu supérieur à ce qu'on observe normalement» , a reconnu Stéphane Richard.

Pour se consoler d'une migration qui n'a aucune raison de s'arrêter selon les analystes, le PDG de France Télécom a rappelé que le succès de Free Mobile lui bénéficiait également -- à la différence des deux autres opérateurs Bouygues Telecom et SFR. Le nouvel entrant a signé un accord d'itinérance avec l'opérateur historique pour les trois quarts de sa couverture réseau (Free s'est engagé à couvrir 27% du territoire ce que contestent ses concurrents). De quoi rapporter à Orange un revenu fixe d'un milliard d'euros minimum sur trois ans. «Le trafic généré est plus important que ce qui avait été anticipé» , a révélé Stéphane Richard, qui laisse ainsi entendre que des revenus plus conséquents sont à prévoir.

Si l'arrivée de Free marque la fin d'une époque pour Orange et consorts (la France représente la moitié de l'activité du groupe), la crise commence également à produire ses effets. En 2011, France Télécom a reconnu avoir souffert d' «un contexte général plus difficile qu'anticipé» avec une stagnation de son chiffre d'affaires à 43,5 milliards d'euros et un bénéfice en baisse de 20%. Les choses ne devraient pas s'arranger en 2012, prévient l'opérateur, qui prévoit des marges en recul et pour la toute première fois une baisse de son dividende. «Conscients que le contexte macroéconomique et concurrentiel en 2012 restera incertain, nous décidons d'adapter la rémunération de nos actionnaires afin de garantir la solidité financière du groupe en toutes circonstances» , a précisé Stéphane Richard.

De 1,40 euro par action, il pourrait baisser jusqu’à une vingtaine de centimes d’euro. Pour s’adapter à la nouvelle donne, France Télécom mise sur une réduction de ses coûts et promet plus d’innovation en renforçant la recherche et développement, notamment dans la 4G, la quatrième génération de technologie mobile.

Paru dans Libération du 23 février 2012

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