Orange! Ô désespoir! Ô football ennemi! Hier, la justice a confirmé l'interdiction faite à Orange de subordonner l'abonnement à sa chaîne Orange Sport, qui diffuse un match de Ligue 1 le samedi, à une souscription à son offre triple-play (télévision, téléphone et Internet). L'opérateur avait fait appel d'une décision du 23 février qui l'avait conduit à cesser de commercialiser Orange Sport , même si elle continue à être diffusée chez ses abonnés. Chez Orange, on se dit «pas surpris» et on affirme que la vraie bataille se jouera à l'audience du 30 avril, quand les magistrats de la cour d'appel se pencheront sur le fond de l'affaire, pour une décision en juin.
L'opérateur n'envisage pas non plus de stopper Orange Sport. Il n'en a d'ailleurs pas le droit, du fait du contrat qui le lie avec la Ligue de football professionnel (LFP), auprès de laquelle il a acquis les droits du match du samedi pour 203 millions d'euros par an (le reste est sur Canal+). En revanche, affirme-t-on chez l'opérateur, «si on ne peut pas exploiter les droits selon le modèle économique que nous avions choisi, on arrêtera de les acheter. Nous avons déjà gelé tous nos achats de droits sportifs» . Et de rappeler qu'au moment où les droits de Ligue 1 s'étaient négociés, les autorités de la concurrence n'avaient pas trouvé à redire au modèle économique proposé par Orange.
Du côté du sport, évidemment, on a les miquettes. Jean-Paul Louvel, président de l'Union des clubs professionnels français (UCPF), estime qu'il s'agit là d'une «très mauvaise nouvelle (...): on veut exclure Orange du marché, c'est une mauvaise chose. A terme, ça peut être catastrophique» . Le budget des clubs dépend en effet pour moitié des droits télé et ils craignent qu'Orange ne participe pas au prochain appel d'offres. Lors du précédent, portant sur 2008-2012, la guerre Orange-Canal + avait fait grimper les enchères.
Conclusion de l'opérateur, en forme d'appel du pied: «Ce n'est pas Orange qui a le plus à perdre dans cette histoire.»