Pac-Man triture les neurones

par Astrid GIRARDEAU
publié le 28 août 2007 à 16h42

Plus une menace est proche, plus notre liberté se réduit, et plus notre réponse est impulsive. Voici la conclusion d'une étude réalisée à partir d'une variante du jeu vidéo Pac-Man par les chercheurs du Wellcome Trust Centre for Neuroimaging de l'University College de Londres (1).

Pour voir ce qui se passe dans le cerveau face à un danger imminent, ils ont créé un jeu où les volontaires devaient faire évoluer un triangle bleu dans un labyrinthe, poursuivis par un prédateur virtuel symbolisé par un rond rouge. Et en cas de contact avec l'ennemi, le joueur recevait une bonne dose d’électrochocs.

Pendant l’expérience, les chercheurs ont scanné le cerveau des joueurs afin d’analyser leur réaction. Localisant les régions du cerveau recevant la plus forte pression de sang, les images IRM ont ainsi révélé que la peur se loge dans différentes parties du cerveau humain selon la proximité de la menace. Selon si le danger est loin (le prédateur est à distance du joueur) ou proche, c’est-à-dire qu’il y a danger de mort.

Quand le prédateur est loin, l’activité se situe au niveau du cortex préfrontal (derrière les sourcils). Particulièrement active pendant les moments de stress, cette zone est liée aux tâches complexes et permet, ici, de rechercher une stratégie pour échapper à la menace. Quand il se rapproche, l’activité se déplace vers le centre, dans la région du cerveau davantage liée à un comportement primitif, à des réflexes de survie.

«C'est un peu comme une balançoire – les deux régions ont un rôle, mais l'un devient plus dominant que l'autre selon l'étape de la menace» explique le docteur Dean Mobbs, à la tête de cette étude. Aussi, un dysfonctionnement de communication entre ces deux zones peut expliquer des troubles d'angoisse.

Selon Mobbs, le cortex préfrontal, beaucoup plus grand dans notre société moderne que chez nos ancêtres, a dû évoluer pour être plus à même d'éviter différentes types de situations menaçantes. «Nous sommes probablement de meilleures machines de survie aujourd'hui» conclue-t-il.

(1) Les détails de l'étude - intitulée “When Fear Is Near: Threat Imminence Elicits Prefrontal-Periaqueductal Gray Shifts in Humans” (Quand la menace est proche : L'imminence d'une menace provoque des variations de l matière grise Préfrontale-Periaqueductale chez l'humain) - ont été publiés dans le dernier numéro du magazine Science.

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