Critique

Poilant «Kung Fu Panda»

par Olivier Seguret
publié le 16 mai 2008 à 3h29

C'est toute la grandeur et la généreuse nature du cinéma en général et du film d'animation en particulier : nous présenter le même jour, sous les mêmes flonflons et projecteurs cannois, deux oeuvres graphiques aussi antipodiques et complémentaires que le grave et beau Valse avec Bachir (lire page 25) et le très inoffensif quoique délassant Kung Fu Panda. La présence des productions animées DreamWorks est d'ailleurs devenue une sorte de rituel à Cannes, où elles jouent parfaitement, depuis le premier Shrek, leur rôle de ponctuation hors-concours, régressive et insouciante, dans le fleuve souvent ténébreux de la sélection officielle.

Pur produit industriel répondant aux codifications du blockbuster estival et presque routinier, Kung Fu Panda se sirote avec ce même petit sourire en coin que suscite le genre du dessin animé américain et ses animaux anthropomorphiques au moins depuis Mickey : remarquablement bien foutu, parfois poilant, un peu édifiant sur les bords, mais pétri dans cette espèce de bonne humeur et cette énergie hollywoodienne qui les rendent si souvent irrésistibles. On a beau connaître la recette, elle s'adapte toujours à l'air du temps comme aux univers qu'elle prend le prétexte momentané d'explorer.

Ici, une Chine ancienne et purement ludique, très éloignée du travail archéologique déployé pour le somptueux Mulan de la maison Disney. Comment un sympatoche et balourd panda, vendeur de nouilles, va-t-il devenir un grand «dragon kung fu» ? Tel est le palpitant alibi à la débauche graphique (assez mirobolante en quelques occasions, notamment les combats) où nous entraîne le manège Kung Fu Panda, parfois charmant, mais qu'aussitôt on oubliera.

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