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Libération

Quand Facebook est utilisé contre des lycéens

par Véronique Soulé
publié le 19 novembre 2010 à 0h00

On connaissait les employés virés pour avoir critiqué leur patron ou dénigré leur entreprise sur leurs messageries ou sur les réseaux sociaux. Maintenant, voilà les lycéens exclus pour avoir fait des déclarations incendiaires sur Facebook ou pour avoir appelé puis participé à des blocages. Les 8 et 9 novembre, dix élèves du lycée Galilée de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), théâtre d'incidents durant le mouvement contre la réforme des retraites, ont été renvoyés deux jours, accusés d'avoir été des «meneurs» sur la foi, notamment, de leurs écrits sur Facebook. La proviseure les avait imprimés et a constitué un dossier prouvant qu'ils étaient de dangereux agitateurs, l'un d'eux ayant même proposé de «mettre un bus devant le lycée» (pour le bloquer). Ajoutées à cela, les photos des élèves bloqueurs, debout sur des poubelles, prises par le personnel de l'établissement. Cette histoire, où Facebook fournit des preuves à charge, est loin d'être un cas isolé. Des lycéens, et même des collégiens, ont été menacés de sanctions, voire ont été exclus, pour s'être lâchés sur le réseau.

Le mouvement lycéen contre la réforme des retraites a largement utilisé les nouvelles technologies. Ce n’est pas nouveau. Les appels à organiser des blocages se font par SMS - des textos envoyés massivement la veille à tous les élèves, pour les appeler à venir à l’aube fermer l’accès du lycée. Les chefs d’établissement sont rodés. Lors de ce mouvement, décidés à sanctionner des blocages qu’ils considèrent comme illégaux et dangereux pour la sécurité de leur établissement, ils ont surveillé la montée de la mobilisation sur le Net. Les élèves de Galilée ont été un peu naïfs. Ils ont créé un événement public sur Facebook, accessible à tous. Et les plus contestataires, signant de leurs noms, n’ont pas mesuré leurs mots.

A Combs-la-Ville, les dix sanctionnés, des élèves de seconde et de première, ont eu, en prime, une petite surprise. En plus du travail à la maison donné par leurs enseignants, ils ont eu un devoir sur les retraites, passablement orienté, leur faisant revoir tous les arguments du gouvernement - comparaison avec les autres systèmes de retraite européens, évolution de l'espérance de vie en France de 1946 à 2010, etc. Après cinq questions ainsi destinées à leur remettre les idées en place, ils devaient rédiger une dissertation, de 70 lignes minimum, sur le thème : «Le départ à la retraite des salariés facilite-t-il nécessairement l'accès à l'emploi des jeunes ?» Des lycéens ont demandé à voir le corrigé. Ils attendent toujours.

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