Quand le DRM se la joue «Spore»

par Sébastien Delahaye
publié le 1er octobre 2008 à 12h13

Après avoir pourri la musique et la vidéo, les verrous numériques vont-ils véroler aussi les jeux vidéo? Début septembre, la sortie, sur PC et Mac, de Spore , le nouveau jeu de Will Wright, créateur des Sims , a mis en évidence la présence de DRM dans le jeu vidéo. Spore est en effet équipé de Securom, un outil de protection anti-copie, qui limite l'installation du jeu à un total de trois machines.

En pratique, un joueur ayant acheté Spore peut donc installer son jeu sur trois ordinateurs (Mac ou PC) au maximum. Il peut en revanche installer son jeu autant de fois qu'il le souhaite sur la même machine. Pour installer le jeu sur une autre machine, il faudra contacter le support technique d'Electronic Arts... Cette protection, vécue comme injuste par certains consommateurs (d'autant plus qu'une version sans DRM du jeu était disponible sur les réseaux de téléchargement dès avant la sortie officielle de Spore ), aurait pu passer inaperçue sans la participation bien involontaire du site de commerce Amazon.com. Dès la sortie du jeu, des centaines, puis des millliers, de clients d'Amazon ont mis en ligne des critiques très négatives du jeu (une étoile sur cinq) basées uniquement sur le fait que Spore était protégé par Securom.

Reprises dans la presse spécialisée, ces critiques ont fini par forcer Electronic Arts à réagir: le 19 septembre, Frank Gibeau, président d'EA Games, le label d'Electronic Arts qui publie le jeu, a précisé que l'entreprise était «déçue de par la mauvaise compréhension» de ses DRM avant d'ajouter que la limite d'installation serait portée à cinq machines: «Nous voulons adapter notre politique à nos consommateurs, mais sans possibilité pour protéger notre travail des pirates, les développeurs de jeux vidéo du monde entier n'investiront ni argent, ni temps dans de nouveaux jeux sur PC» . Ainsi, Crysis Warhead , sorti le même jour, et Command & Conquer: Alerte Rouge 3 , disponible fin octobre, conservent la protection de Securom dans une version assouplie, avec des installations sur cinq machines différentes. Surtout, Electronic Arts a annoncé la préparation pour ces différents titres d'un outil permettant, quand on désinstalle un jeu sur une machine, de regagner une activation. L'an passé, un problème exactement similaire s'était présenté pour la version PC de Bioshock , chez 2K Games, qui était également équipé de Securom. Là encore, l'éditeur avait fini par sortir un outil permettant de regagner des installations, avant, un an après la sortie du jeu, de lever complètement la limite d'installations.

Malgré la présence de DRM, les critiques négatives et des versions pirates disponibles dès avant la sortie du jeu, Spore s'est déjà très bien vendu, s'écoulant à plus d'un million d'exemplaires en trois semaines. Mais Electronic Arts n'aura pas forcément le temps de s'en réjouir: malgré les légères concessions de l'éditeur, une class action a été déposée le 22 septembre en Californie contre Electronic Arts, l'accusant d'avoir caché aux consommateurs l'installation de Securom. La plainte, qui parle de Securom sur un ton paranoïaque et reste trop vague quant aux problèmes effectivement reprochés, doit cependant encore être validée pour qu'un procès puisse avoir lieu.

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