Reconnaissance faciale sur Facebook: l'Allemagne remonte au front

par Stéphane Moussie
publié le 16 août 2012 à 15h18

Le système de reconnaissance faciale de Facebook est une nouvelle fois scruté par un état européen. L'Autorité norvégienne de protection des données avait annoncé la semaine dernière qu'elle lancerait une enquête à l'automne sur cet «outil très puissant» au fonctionnement «pas encore clair» . Elle est désormais devancée par l'Autorité de protection de la vie privée du Land de Hambourg, au nord de l'Allemagne, qui a rouvert une procédure débutée il y a un an sur ce même sujet.

«Nous avons rencontré Facebook à plusieurs reprises mais nous n'avons pas pu obtenir leur coopération sur ce dossier, qui est très important pour la protection des données personnelles» , explique Johannes Caspar , le commissaire de l'Autorité du Land, pour justifier la réouverture de l'enquête. Celle-ci avait été suspendue en juin dans l'attente des résultats d' une procédure sur la protection les données personnelles au sein de Facebook menée par l'Irlande . Le régulateur allemand reproche à la firme américaine de collecter les données biométriques de ses utilisateurs sans demander leur consentement explicite au préalable. Article 29, un collectif des CNIL européennes, avait également rendu un rapport préconisant l'aval obligatoire de l'utilisateur pour traiter ses données biométriques.

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Le Land de Hambourg demande donc à Facebook de supprimer sa base de données de visages déjà «collectés», ainsi que de revoir son site Web pour mettre en place un opt-in (accord a priori ) plutôt que l' opt-out (fonctionnalité activée par défaut sans consentement préalable) mis en place actuellement. «La fonction de suggestion d'identification est entièrement conforme avec les lois de protection des données de l'Union Européenne» , se défend de son côté le réseau social.

Selon l'Autorité de protection des données en Irlande, Facebook a suspendu cette fonctionnalité pour tous les utilisateurs européens inscrits sur le site après le 1er juillet. Quant aux 246 millions d'Européens déjà membres du réseau avant cette date -- et donc susceptibles d'être déjà fichés dans la base de données --, ils font l'objet d' «une discussion active» .

Johannes Caspar n'écarte pas la possibilité d'intenter une action en justice contre Facebook pour l'obliger à se plier à ces réclamations. Une opération qui serait toutefois délicate, puisque Facebook ne dispose à Hambourg que d'une division marketing. Son data center européen se situe en Suède , tandis que son siège européen est à Dublin .

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