Réseaux sociaux : la grande famille

La famille des réseaux sociaux s’agrandit avec l’arrivée de sites spécialisés.
par Julie Hamaïde
publié le 1er août 2011 à 13h42
(mis à jour le 30 mai 2012 à 12h17)

Facebook, Twitter, Linkedin, ça fait déjà un bail. Depuis, la petite famille des réseaux sociaux n’a fait que s’agrandir avec, notamment, l’arrivée de Google+. En quelques jours, le réseau de Google a atteint les 10 millions de membres, alors que Facebook et Twitter ont dû patienter plus de deux ans.

Graphique réalisé par Leon Håland -DR

Comme l'explique Elise Penalva, enseignant-chercheur à l'université Paris Dauphine, membre de l'ORIO (Observatoire des Réseaux Intra et inter-Organisationnels), « c'est un business qui se développe de plus en plus » et qui voit émerger des sites réunissant leur communauté autour d'un même thème. « Comme on ne peut pas faire un deuxième Facebook ; c'est un moyen d'exister à côté.» Et alors là, ça y va : il y a les réseaux pour écolos, ceux pour les passionnés de BD ou encore celui qui réunit les patients atteints de cancer. De nouvelles initiatives fleurissent tous les jours, mais Christophe Lauer , blogueur sur l'actualité des réseaux sociaux, le rappelle : « peu émergent de la masse » . Loin du million de membres, quelques réseaux français ont dépassé la barre des 30 000 inscrits. Zoom sur trois réseaux spécialisés.

Famicity : un Facebook bon enfant

Arbre généalogique sur FamiCity - DR

FamiCity c’est un peu le bon élève de la CNIL, le réseau social dédié à la famille et qui assure la protection de la vie privée de ses membres. Pas de référencement sur les moteurs de recherche et aucune donnée qui n’appartient au réseau. C’est le Facebook bon enfant où l’on construit son arbre généalogique, où l’on crée la biographie de papi et où l’on apprend les recettes de cuisine que maman a mises en ligne.

Pour le moment, le réseau ne compte que 60 000 membres et s’appuie sur le bouche à oreille. Le principe est simple : on crée un profil et on y invite tous ses (vrais) proches. Trois groupes sont disponibles par défaut : famille, amis et belle famille. L’interface est épurée, avec de grosses lettres pour que mamie n’ait pas à coller ses yeux sur l’écran, pareil pour les photos.

FamiCity surfe sur la vague de la protection des données d'utilisateurs. « Facebook a pu montrer l'intérêt du réseau social, nous on arrive avec la solution du partage privatif » , explique Guillaume Languereau, l'un des créateurs. Ici ce n'est pas la course aux amis, on veut surtout tenir éloignée sa famille de ses déboires sur Facebook. L'ennui est que les jeunes ne sont que très peu intéressés par ce réseau. Les deux créateurs ont trouvé l'appât : développer une « wish list » , une liste que l'utilisateur se crée, où il référence tous les cadeaux qu'il souhaiterait recevoir. La mise en place de cette nouvelle fonction n'attend plus que l'arrivée d'investissements. Et c'est là tout le problème. En effet, FamiCity ne génère pas d'argent et n'a donc pas assez de fonds pour se développer davantage. Le réseau doit attendre l'inscription de nouveaux membres, 300 000 exactement, pour être pris au sérieux devant leurs (futurs) investisseurs.

Senscritique : la plateforme sociale dédiée à la culture

« Un patient, une maladie hors du commun liée à un mensonge quelconque (parfois inutile à la résolution de l'histoire, souvent primordial), des tests en tout genre, quelques actions illégales, le patient risque de mourir et là …» , on l'a tous reconnu, il s'agit de la série Dr House, critiquée ici sur Senscritique, qui ne fait pas que dans le réseau social.

Statistiques des notes accordées par un membre sur Senscritique

Sur le site, 31 000 membres sont inscrits mais les visiteurs sont plus de 150 000 par mois. Ceux qui y ont créé un compte ont la possibilité de critiquer, noter ou recommander aussi bien des films, des séries, des livres, des jeux que des BD. Les utilisateurs ont le choix entre rendre leur profil public ou non, pour faire partager leur contenu à leur amis ou à tous les internautes. En tout, ce sont plus de 180 000 critiques qui ont déjà été postées depuis la création du site. A côté de ça, sur son blog, Senscritique interroge ses membres – sur «les plus mauvais films français», ou encore sur «les livres qu'on nous a obligé à lire mais qu'on a finalement adorés» - pour les classer dans des charts. Ici encore, tout a été réalisé grâce au bouche à oreille. Ouvert au grand public fin 2010, après une période de béta initiée en mars, l'envie première des créateurs était « de faire découvrir des œuvres culturelles » . Il n'empêche que certains l'utilisent aujourd'hui comme réseau, afin de « voir quelles séries suivent leurs copains » ou comme « mémoire culturelle » , nous explique Clément Apap, l'un des fondateurs. Sur la home page du « site social » , comme il se décrit lui-même, on peut déjà découvrir les ambitions du site : une rubrique musique est attendue pour la fin de l'année. « On veut aussi se développer sur plus de supports, sur tous les endroits où l'on consulte de la culture.» Bientôt sur mobile, donc, et pourquoi pas sur tablette ou sur télé connectée.

La Coopol : un outil pour réunir les militants

Et dans cette grande famille des réseaux sociaux, on demande maintenant les politiques. Eux aussi ont leur place sur la toile. « Sur certains sujets le terme de communauté représente une réalité concrète, parce que les gens ont de vraies choses en commun. Le sentiment d'appartenance n'en sera que plus fort » , explique Christophe Lauer.

Concurrent direct de Créateurs de possible (UMP), la Coopol est le réseau des socialistes. Fin 2009, le site se lance avec pour seul but « d'utiliser internet comme une plateforme sur laquelle les volontaires, militants et supporters pourront s'organiser » , explique Benoît Thieulin, directeur de la Netscouade, qui a développé la Coopol. « Avec Barack Obama, on a vu qu'Internet sert à organiser une campagne aussi bien online qu'offline. » En effet, sur le site, il est possible d'échanger avec des personnes du même bord, mais surtout de se mobiliser et de se coordonner pour des actions sur le terrain. Le réseau permet par exemple de créer une réunion ou une mission, un peu comme un évènement sur Facebook.

Planification d'un évènement sur La Coopol

D'ailleurs, Benoit Thieulin l'avoue : « La Coopol c'est une espèce de gros Facebook pour militants et sympathisants » . Et l'on s'y crée son réseau de « coopains », tout comme sur Facebook ; on s'ajoute, on s'envoie des messages privés, on publie un statut, etc. Aujourd'hui, le réseau du PS compterait 45 000 coopains. Tous prêts pour 2012 ? En tout cas, le créateur nous l'affirme : « La Coopol, c'est le cœur du système d'information du PS » .

Reste à savoir si les internautes sauront gérer plusieurs profils à la fois. « Je suppose qu'on peut avoir un compte dans un grand réseau social généraliste type Facebook et être ensuite membre d'un ou deux réseaux spécifiques. Dans la vie je peux être membre de plusieurs clubs, fréquenter plusieurs cercles d'amis disjoints, sans que ceci ne soit spécialement difficile à gérer. Le "moi" numérique comme le "moi" réel comportent plusieurs facettes… » , analyse Christophe Lauer. Espérons quand même le « moi réel » trouvera sa place parmi tous ces nouveaux « moi numériques ».

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