C’est un traumatisme pour tous les petits friconautes exaltés du début du millénaire. «La bulle Internet», celle qui avait vu s’envoler les cours de bourse et se multiplier les rachats hasardeux. On se souvient encore (enfin, avec un petit effort quand même) de quelques noms emblématiques de l’époque: Multimania, Caramail, Clust, Boo. Fin 2000, c’est la dégringolade. Un dur retour à la réalité qui en a laissé plus d'un sur le carreau. Mais juré, on ne les y reprendra pas. La bulle, plus jamais ça. Aujourd’hui, le web 2.0, ça n’a rien à voir. C’est plein d’avenir. C’est un marché en forte expansion. C’est du solide. Et le solide, ça n’éclate pas comme une vulgaire membrane savonneuse.

Et pourtant. Les acquisitions récentes à prix d'or, la multiplication des start-ups au modèle économique basé sur la valorisation publicitaire d'une communauté et surtout la perspective de se faire racheter par plus gros, certains esprits chagrins croient assister à une répétition de l'histoire. Une impression renforcée par la réouverture récente de Boo.com (passé d'un site de commerce à un guide de voyage, mais rien de grave, avec un nom aussi fort, on peut tout faire), et surtout par l'annonce en Grande-Bretagne du retour des «First Tuesday». Les «First Tuesday», c'était la grand messe où les «entreprenautes» et les «VC» (pour Venture Capitalist , Capitaux-risqueurs) pouvaient tailler le bout de gras en discutant millions à investir. Comme son nom l'indique, cette petite sauterie avait lieu tout les premiers mardis du mois.

Les «First Tuesday» sont nés en octobre 1998 à Londres et sont exportés en France quelques mois plus tard. Le concept est vite devenu le symbole de la réussite des nouveaux entrepreneurs ( médiatiquement , s'entend). Mais un symbole évolue. Aujourd'hui, Les «First Tuesday» représentent pour beaucoup le signe annonciateur du début de la fin.

Le site officiel firsttuesday.co.uk l'annonce: «Oui, nous sommes de retour à Londres. Le rendez-vous ultime pour construire des réseaux entre les entrepreneurs confirmés et les investisseurs à la recherche d'opportunités.» Ce come-back historique est prévu pour le 4 septembre prochain. Les marchés tremblent déjà.

Sur son blog , Tristan Nitot, président de Mozilla Europe , s'amuse de cette nouvelle et nous fait partager son analyse de la situation: «Imaginons un instant que le chiffre d'affaire de la pub en ligne fasse une pause et arrête sa croissance pendant quelques mois... Le cours de l'action Google s'effondrerait, comme tous les business models basés sur la publicité et toutes les start-ups dont l'objectif premier est le rachat. Bref, tout est en place.» Il conclut: «J'ai apporté le pop-corn, qui va chercher les bières?»

Allez, c'est d'accord, Ecrans.fr s'occupe des bières. Et puis, vu qu'on ne fait pas les choses à moitié, on a même réservé un petit nom de domaine sympa, firsttuesday.fr , pour un futur site d'organisation de la soirée. Ca peut toujours servir…

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