Révolution: Numéricable avait un mobile

par Camille Gévaudan
publié le 11 mai 2011 à 13h10
(mis à jour le 20 juin 2011 à 15h18)

On s'attendait presque à découvrir Free derrière le mystérieux opérateur qui promettait, depuis une semaine, la «révolution du mobile» : le buzz entretenu correspondait trop bien à la comm' léchée dont Xavier Niel et sa bande ont le secret (1). Mais à la conférence de presse organisée ce matin dans le très classe Pershing Hall , le rideau est enfin tombé : c'est Numericable qui fête en grande pompe sa première offre de téléphonie mobile .

Alors, le prix est-il à la hauteur de la promesse, réellement «révolutionnaire» ? La réponse s'est fait attendre. Sur la page Facebook qui fut le vecteur de l'opération de communication, les internautes ont été spectateurs d'un compte à rebours baissant chaque jour de 5 euros le montant annoncé de l'abonnement. Il s'est finalement stabilisé à 24,90 euros pour un full illimité : SMS, Internet, mais aussi appels vers les fixes et les mobiles de n'importe quel opérateur. L'offre sera disponible lundi prochain, 16 mai, sur le site Internet du câblo-opérateur et dans toutes ses boutiques.

Le tarif -- plutôt canon -- de 25 euros mensuels est toutefois réservé aux clients Numericable titulaires d'un forfait supérieur à 30 euros (télé, Internet ou triple-play). Pour les autres, il sera proposé à 49,90 € par mois. Cela reste deux fois inférieur aux offres concurrentes comprenant les appels illimités, et carrément inédit en France.

«On ne pouvait pas rester en dehors du marché mobile, c'était évident» , expliquait Numericable ce matin. Pour compléter son bouquet câblé, l'opérateur s'est donc associé en 2008 à Bouygues Télécom en tant qu'opérateur mobile virtuel (MVNO). Numericable utilise les infrastructures et le réseau de Bouygues, faisant ainsi de colossales économies techniques. Il profite également d'un climat économique favorable dans les terres de la téléphonie mobile, puisque les prix de gros entameront l'ultime étape de leur dégringolade au mois de juillet. D'ici début 2013, ils auront atteint le seuil de 0,8 centimes par minute de communication et permettront donc aux opérateurs de rentabiliser plus facilement leurs offres illimitées en voix.

Toujours dans cette optique d'économies, Numericable a pris le parti de ne pas subventionner de téléphones mobiles : les cartes SIM seront vendues seules (avec possibilité, bien sûr, de garder son ancien numéro). Ce choix découragera sans doute de nombreux clients potentiels pas encore en possession d'un smartphone, et ne pouvant donc pas profiter pleinement de l'Internet mobile, mais Numericable préfère parier sur les collectionneurs de portables récents. «60 millions de téléphones inutilisés dorment dans les tiroirs français» , ont-ils rappelé. Mais il n'est pas exclu qu'un catalogue de mobiles fasse son apparition plus tard, si la demande s'en fait sentir.

Mise à jour 20 juin 2011 : Numericable vient d'annoncer la suppression (avec effet rétroactif) de la durée d'engagement pour son forfait mobile.

(1) Après le lancement du site Internet , du compte Twitter et de la page Facebook tous trois intitulés «la révolution du mobile», le mystérieux opérateur s'est vanté d'avoir déclenché la fureur de Free. Dans une drôle de lettre , l'avocat de la société se plaignait qu'un opérateur concurrent et anonyme ose employer le terme «révolution». Cela pourrait, expliquait-il, engendrer une confusion chez «le public et la presse» qui n'avait jusque-là entendu ce mot que dans la bouche de Xavier Niel. Tous les sites d'information spécialisée -- Ecrans compris -- ont immédiatement re-publié et décortiqué la lettre, trop contents de railler l'arrogance de Free. Mais si elle faisait partie de l'opération ? Si tout cela était manigancé par Free Mobile lui-même, annonçant d'ores et déjà des offres qu'on n'attendait pas avant 2012 ? La fausse missive aurait été un coup de maître. Décidément, on est un poil déçus.

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