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Libération

Royaume-Uni: Cameron et la surveillance en temps réel d'Internet

par Sophian Fanen
publié le 2 avril 2012 à 16h30
(mis à jour le 2 avril 2012 à 16h36)

Les associations de défense des libertés publiques en Grande-Bretagne ont violemment critiqué les projets -- révélés par le Sunday Times -- du gouvernement Cameron d'accroître ses pouvoirs de surveillance des échanges de courriels et de consultation de sites web.

Selon ces projets de nouvelles réglementations qui devraient être révélés le mois prochain selon l'hebdomadaire, les entreprises de l'internet opérant en Grande-Bretagne devraient installer des équipements permettant aussi bien à la police régionale qu'aux services secrets d'avoir accès en temps réel aux données concernant chaque message ou courriel envoyé, les sites internet consultés et les appels téléphoniques composés.

Selon

The Independent

, les emails seraient tenus à l'écart de la surveillance, et «seuls» seraient concernés Twitter, Facebook, les forums ou Skype.

«Il s'agit de savoir qui parle à qui en temps réel»

, commente le quotidien.

Ces nouvelles capacités d'écoute constituent «un pas sans précédent, où l'on verrait la Grande-Bretagne adopter le même type de surveillance que l'on voit en Chine et en Iran» , a dénoncé Nick Pickles, directeur de l'assocation Big Brother Watch Campaign . De son côté Shami Chakrabarti, directrice du Groupe des libertés civiles, a estimé que ce projet de loi est «plus ambitieux que tout ce qui a été fait auparavant [pour la surveillance d'Internet]. Pour la démocratie, c'est un sérieux pas en arrière.»

Le ministère de l'Intérieur britannique a indiqué que le gouvernement de David Cameron se préparait à légiférer à ce sujet «aussitôt que les parlementaires en trouveraient le temps» . «Il est vital que la police et les services de sécurité soient en mesure d'obtenir des données sur les communications dans certains circonstances afin d'enquêter sur les crimes et les actes terroristes et de protéger le public» , a déclaré un porte-parole du ministère.

Dans le passé, des tentatives de prendre des mesures similaires avaient été menées sous le précédent gouvernement travailliste en 2006, mais elles avaient dû être abandonnées en raison d'une forte opposition.

En France, Nicolas Sarkozy a souhaité, après les meurtres de Montauban et Toulouse, l'instauration d'un «délit de consultation de site terroriste» qui selon le Syndicat de la magistrature ou Reporters sans frontières nécessiterait également la mise en place d'un système de surveillance des internautes.

(Avec AFP)

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