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Libération

Se faire mettre à jour

par Olivier Seguret
publié le 7 mars 2011 à 0h00

Il existe sans doute des causes plus graves que celle-là, mais dans le monde monocentré des jeux vidéo, une exaspération ne cesse de croître à l’égard des mises à jour (MÀJ) que les jeux sur consoles requièrent toujours plus fréquemment. Aux non-initiés, expliquons que la dernière génération de consoles connectées (Wii, Xbox 360 et PS3) s’est installée dans nos salons avec cette fonctionnalité nouvelle : la mise à jour online. Désormais, chacun des trois constructeurs enjoint à distance le propriétaire de console à télécharger et installer régulièrement une mise à jour du software de leurs bécanes, quand cette fonction n’est pas programmée automatiquement.

Pour les jeux, c’est pareil. Il est devenu presque systématique de devoir télécharger une MÀJ pour chaque nouveau titre, y compris la semaine voire le jour de son lancement. Pour certains jeux, les mises à jour se succèdent à un rythme effréné, trahissant du même coup la négligence de certains studios et leur calcul cynique. Ils se dépêchent de sortir leur jeu, coûte que coûte, même s’il y subsiste de nombreux bugs, et se reposent sur cette nouvelle facilité : on le corrigera plus tard, grâce aux MÀJ. C’est ainsi que se retrouvent sur le marché des produits inachevés et dont certains acheteurs, qui ne peuvent ou ne veulent connecter leur console au Web, ne pourront pas profiter dans de bonnes conditions.

Si elle agace les gamers à cause du temps perdu à mettre à jour des jeux, cette tendance est aussi le symptôme d'un mal plus profond pour l'industrie tout entière, comme vient de l'exposer le développeur David Jaffe (God of War) à la Game Designer Conference 2011 de San Francisco. Réputé pour son franc-parler, Jaffe a prédit que si l'industrie persistait dans ces comportements «indélicats, pénibles et ennuyeux pour les joueurs», elle détournerait ces derniers du jeu sur console et favoriserait celui sur mobile. «Quand on n'a qu'une demi-heure devant soi pour une petite partie, on n'a pas envie de passer vingt minutes sur une MÀJ», a-t-il plaidé en substance. Jaffe a conclu son speech devant la crème des développeurs en proposant que l'on n'autorise pas plus d'une à quatre MÀJ par titre et par an. Et l'audience, pourtant coupable, a applaudi a tout rompre…

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